dimanche 5 juin 2011

Le Langtang : le climax

JOUR 6 

Nous nous levons tôt. Nous voulons profiter au maximum des quelques heures de ciel bleu que nous avons devant nous. Nous avions averti nos trois porteurs la veille pour qu'ils nous accompagnent jusqu'à Kyanjin Ri viewpoint à 4200 m. C'était une première pour eux également. Seulement Nirmal et Rohit s'étaient déjà rendus au village, sans gravir plus haut. Une grande première pour tous donc. Tout le monde est convoqué pour 7 h AM.


En mettant le pied à l'extérieur, c'est une journée splendide qui s'annonce. De l'autre côté du rideau blanc s'élève les plus hauts sommets du Tibet.


À partir du village, nous apercevons la pointe que nous tenterons de rejoindre. Pour ce faire. nous décidons de louvoyer tout en faisant un long détour par la droite, en suivant le creux d'une vallée qui, le pensions-nous, allait nous permettre de le rejoindre par son autre versant.


Après quelques minutes de marche, une première vue de haut du plateau villageois s'offre à nous. Il est bien protégé des grands vents. Aux abords des derniers bâtiments se précipite une falaise vertigineuse jusqu'au roc qui fut, à une époque précédent celle des changements climatiques, le lit d'un glacier.


On ne fait que commencer. L'évolution (ou plutôt la détérioration) de l'état de mon frère au fur et à mesure qu'il gravit chaque mètre sera mémorable. 



Nous rejoignons les plaques de neiges. Nous sentons l'air s'amincir. Annik reste positive, quoique elle et Simon commencent à se douter de la voie à emprunter. Est-ce qu'on improvise ici, là là ??!


" Pas de trouble, let's go tout le monde, on avance. On doit pas être si loin "


"Je sens mon coeur comme je ne l'ai jamais senti avant, gardons le sourire !"

Simon et Annik qui arrivent à gauche en bas
Bon, ça suffit. Simon et Annik ne me croient plus. Ils brisent les rangs. Finalement, on s'aligne le deuxième sommet du Kyanjin Ri viewpoint, pas celui à 4200 m mais bel et bien celui à 4600 m. Ils décident de couper en ligne droite. Au diable la pente à 45 degrés, le manque de sentier, les roches qui risquent de débouler. L'équipe se disloque. On sent l'irritation dans l'air. L'essoufflement est à son comble. 

Les enfants commencent à se manifester. Ils ont froid aux pieds. Les pleurs débutent mais on se sert de la collation comme appât. Elle qui sera bientôt offerte en guise de récompense. J'arrive le premier. La récompense des adultes est spectaculaire !!!



La crête est impressionnante. Elle nous place aux premières loges d'une oeuvre monumentale : 
Le Langtang Lirung.



À quoi songe Simon ? Au fait, a-t-il assez d'oxygène pour penser ? S'en griller une petite ? Surement pas.




Nous montons encore quelques mètres pour atteindre le point de vue.


Yes sir !


Toute la famille avec les porteurs.


Un petit cliché entre frère et soeur pour la postérité


Le reste du team !


La vue derrière nous.


Ces drapeaux de prières tibétaines ajoutent aux forces de la nature. Ils colorent nos pensées et nous rappellent que nous sommes si petits par rapport à la puissance de la montagne. Les humains passent mais les montagnes et l'esprit qui les habitent resteront à jamais.


Dès que nous arrivons au top, les nuages commencent à flirter avec les sommets. Nous savons que c'est le premier signal d'alarme pour quitter notre spot convoité. La deuxième et plus préoccupante cloche qui résonne s'appelle Naomi. J'aperçois ses yeux qui commencent à rouler comme les nuages au-dessus de nos têtes. Ses yeux sont "dans graisse de bean", comme on dirait par chez nous.

Manque-t-elle d'oxygène ? Va-t-elle perdre connaissance ? On ose pas réfléchir pour ne pas perdre une seconde. Cap vers le bas. La descente est fulgurante. Tellement que nous perdons Rohit qui transporte Emma. Il nous aura sacré une méchante frousse. Finalement, il a avait filé droit devant. Il ne se sentait pas bien  et de surcroit, Emma pleurait. Nous les retrouvons à l’hôtel. Il commence à neiger.


On revient dans notre chambre pour décanter, se blottir, se réchauffer et piquer une petite sieste.


Naomi a retrouvé ses esprits et sa joie de vivre !


Nous descendons ensuite rejoindre les autres népalais et randonneurs qui se réchauffent autour du poêle à bois. 


Théo qui embrasse sa petite soeur qui est en train de se faire une nouvelle amie. Une petite fille de 6 mois. La maman, Karchom est la co-propriétaire de l'hotel. Souriante et rayonnante, elle se débrouille plutôt bien en anglais. Ce qui nous permet d'échanger un peu.  Elle me raconte comment la vie est difficile là-haut. Son premier enfant a 2 ans et demi. Elle a accouché des deux ici, juste à coté de nous, à la chaleur du poêle à bois, par terre. C'est sa mère qui garde son premier dans le village de Langtang, une journée plus bas. Ça lui facilite la tâche. 

Cet hiver, ils sont restés emprisonnés dans l'immeuble car il y avait trop de neige. Il faisait trop froid. Ils sont restés aux côtés de la "truie" pendant une semaine avec des réserves d'eaux potables légèrement maintenues en haut du point de congélation grâce à leur système de chauffage solaire. Ils avaient un cook qui était le seul à sortir de la pièce chauffée pour aller cuisiner. Les seuls revenus du village proviennent des randonneurs et du fromage provenant du lait de yak produit localement. Les deux activités sont saisonnières. Plus aucun commerce ne s'effectue aux frontières élevées du Tibet depuis plusieurs décennies.



Pendant ce temps, Simon continue de récupérer, dans son lit. Il ne restera pas (séquelle) affecté trop longtemps.

JOUR 7 


Karchom et sa fille juste avant notre départ.


Moi, le yak et mon sac de la caisse Desjardins de Duswell--St-Camille.  Photo-cadeau pour ma sabbatique. Merci boss !


Une petite neige fraîche du matin.


La descente est bien amorcée.


Petite pause-photo pour madame.



Une fois le climax atteint, tout devient relax lors de la descente.