vendredi 24 septembre 2010

Vidéo sur mon mandat de coopérant



À la demande du CECI, voici un petit montage vidéo sur notre vie de coopérant en famille. Pas facile de tourner ça en gérant les enfants en même temps !!!

La vidéo est conçue pour une nouvelle formation sur la coopération internationale du CECI

mardi 21 septembre 2010

Un concours et une front page à Baddichar



Page frontispice du journal local avec Annik et François en vedette dans l'article de gauche. La seule grosse erreur de l'article est la suivante: ils ont dit que nous étions américains!

Bon, une autre histoire loufoque. Il n’y a qu’à moi que ces histoires arrivent. Il y a 2 semaines, nous nous rendions dans un village nommé Baddichar pour célébrer la Teej, le festival des femmes. Le festival en soi dure un mois et certaines activités ont lieu un peu partout au Népal.

À Baddichar, ils ont décidé de faire un concours de chants et de danses pour les femmes. EDS, l’organisme pour lequel François travaille, s'occuperait de l'organisation du concours, de la logistique et de l'animation. L'équipe d'EDS a donc décidé stratégiquement qu’elle profiterait de la journée pour glisser des petites séances subtiles de sensibilisation sur l’hygiène de base comme se laver les mains après certaines activités quotidiennes et sur l'importance de boire une eau filtrée et chlorée. 

La veille, un des collègues de François me disait : « tu va porter ton sari rouge, hein Annik ? ». Je lui avais dit que je l’apporterais. Le lendemain, je décidai de ne pas l’apporter sachant qu’une longue route d’autobus et de chaleur nous attendait. Je ne voulais pas le porter. J’arrive donc pour prendre le bus et il me taquine en me disant : « tu as apporté ton sari Annik? » Je lui réponds : non. Il semblait tout déçu alors je lui ai dit que j’irais le chercher si le bus me déposait chez nous. C’est ce qui s’est passé.

Nous voilà donc partis pour Baddichar, il est 8h30 AM environ. Nous nous arrêtons, prenons le thé et attendons des participants du concours. Ensuite le marché pour ramasser les speakers, les micros, le système de son. Bref, le matos quoi ! Ensuite des arrêts, des arrêts et encore des arrêts. Ça n’en finissait plus. Nous sommes arrivés à destination vers 11h45. Le temps réel est de 1h15 en autobus. Ah, j’oubliais, il y avait eu un glissement de terrain durant la nuit précédente. Nous avons donc marché  un bon bout puisque l’autobus était coincée dans la boue….

Arrivés au village, on mange quoi? Dal Bhatt tarkari, question de faire changement. Là, après le repas, les femmes me disent: "tu vas te changer?" Dans quel piège je me suis prise encore. Je vais donc me changer, me déguiser avec mon sari rouge à l’aide de 4-5 femmes. Un fois habillée, j’allaite, chose très difficile vous devinerez avec le kit de sari.

Une fois accoutrée, on me demande d’aller m’asseoir à l’avant de la scène avec François. Jusque là ça va. Ensuite, Rudra, le collègue à François m’informe spontanément que : JE VAIS OUVRIR LA CÉRÉMONIE EN DANSANT ! QUOI !?%$*&" C’est une blague, je me dis intérieurement, mais non c’est vrai : un VRAI CAUCHEMAR.  Bon, il m’informe que je danserai avec un Monsieur X que je ne connais mais qui aux dires, est important. Cela m’importe peu, je n’ai pas trop la tête à danser devant 400 personnes.


Bon, je descends et je commence à danser. Le monsieur lui, ne semble pas vouloir danser. Je suis contente, je peux me sauver… Pas si vite Annik ! Des femmes veulent aussi danser avec toi. Amusez-vous à regarder la vidéo. J’ai donc eu la chance de danser à maintes reprises lors de la journée. Mes talents de danseuse népalaise se sont améliorés.


À l'intérieur du journal, d'autre photos... Je suis à droite 1ere rangée, dansant avec Jagat, un collègue de François qui animait la journée (celui au microphone en bas et dans la vidéo) Pas besoin de dire que l'équipe d'EDS n'était pas peu fier de ce petit coup médiatique. Il parait que la radio nationale et la télévision régionale y étaient également. Des gens que nous croisions dans la rue dans les jours qui ont suivis nous disaient qu'ils m'avait vu danser à la télé.


Jagat, l'animateur


La foule en délire


Les petits singes-spectateurs dans l'arbre


Le père de Kiran (collègue de François) aka le vieux sage du village et Naomi

Lors du concours, 25 équipes de 5 femmes chacune ont chanté et dansé à tour de role. Entre chaque performance, il y avait une présentation et divers témoignages de gens « importants » de la communauté. Voici quelques équipes de danseuses et chanteuses:








La scène vue de l'arrière


Grand parc dans lequel Théo a pu se défouler toute la journée !


Quelques portraits:


La "coach" de plusieurs équipes, celles vêtues de rouge.



Celle-ci, elle avait de beaux yeux verts, ce qui est rare ici.



François et un drôle de Monsieur

La journée s’est terminé vers 18h30, il était donc temps de rentrer chez soi, mais la soirée était encore JEUNE!

On attend très longtemps dans l’autobus sans trop savoir pourquoi. Le chauffeur a décidé de prendre son repas. Bon, ça va, là on part. Il est environ 19h45. On commence la route et tout à coup on entend un POUF!!!! Immense. Qu’est-ce que c’est : un FLAT!  Première chose que l’on apprend : le chauffeur d’autobus n’a pas de pneu de rechange. Alors on se fait dire que nous repartirons dans une heure. Il commence à pleuvoir. Ce n’est pas grave, les gens veulent s’amuser et danser. C’est reparti, une madale (petit tambour à deux côtés) des chanteurs, des chanteuses et on danse. C’est la fête, on ne ressent pas de frustration, que de la fatigue et de la joie. Curieux me diriez-vous. Au Québec, on aurait crié des bêtises au chauffeur si une telle chose serait arrivée.

Une heure et demi  plus tard, le chauffeur revient avec quoi vous pensez sur sa moto? Non pas une roue de secours mais bien un « jack ». Il n’avait pas de jack! Alors là on se fait dire que le chauffeur prendra la roue arrière pour la mettre en avant et la roue crevée en arrière. Trouvez l’erreur. Finalement, un gentil  conducteur d’un autre autobus TATA passant par là nous donne un autre pneu et nous voilà reparti pour Surkhet. Il était minuit quand nous sommes revenus à la maison alors que nous devions en théorie être revenus pour 19h30. Le temps est élastique. Nous sommes chanceux, Emma  était chez des amis d’école, tranquille. Elle a bien apprécié son temps sans ses parents.  Nous avons tous bien dormi. Théo et Naomi qui nous accompagnaient durant toute cette longue journée, avaient épuisés toutes leurs calories quotidiennes.



Un "Flat" et pourquoi pas continuer la fête.

vendredi 17 septembre 2010

Une 1ere canne à pêche sans le poisson



Plusieurs d'entre vous me posez régulièrement des questions sur mon travail. Normal puisque j'y passe la majorité de mon temps. Tel que je l'ai déjà mentionné, le rythme népalais est plutot lent. J'attendais d'avoir des infos croustillantes à se mettre sous la dent.

Samedi dernier, j'ai donné ma première formation et ça a très bien été, voilà ! Mais tout d'abord, un petit rappel du pourquoi je suis ici:

En tant que marketing advisor, mon mandat est d'accompagner mon organisation dans l'acquisition de connaissances et le développement de compétences dans le domaine du marketing coopératif. EDS aide à son tour plusieurs coopératives de producteurs agricoles dans le district de Surkhet. Je travaille avec deux coopératives ciblées comme pilote dans l'élaboration de deux études de marché dans les secteurs des légumes frais et des semences de légumes. Dans le premier cas, nous nous attardons au marché local et dans le second cas, nous travaillons avec Oxfam-GB pour sonder le marché national.

Concrètement, au cours de mon séjour, j'ai plusieurs résultats à atteindre:

1) Concevoir deux outils marketing, en y intégrant la distinction coopérative. Ces derniers sont maintenant presque finalisés, totalisant une centaine de pages:
  • Un manuel de formation afin de définir et d'expliquer ce qu'est le marketing, en général.
  • Un guide de méthodologie afin de conduire des études de marché.
2) Former les employés-terrain de EDS et membres exécutifs des deux coopératives sur l'utilisation de ces outils

3) Superviser la méthodologie et la collecte de données sur le terrain pour les deux études de marché

4) Rédiger les deux rapports d'études de marché

5) Élaborer une stratégie et un plan de marketing en collaboration avec les partenaires.

En gros, les outils représentent la canne à pêche et les rapports, la stratégie et le plan de marketing le poisson. Ceci étant dit, ce ne sera peut-être pas le poisson qu'ils s'attendent à pêcher même s'ils seront impliqués dans la démarche le plus possible.

Selon la planification pluri-annuelles du CECI-Uniterra avec EDS, d'autres volontaires viendront après moi pour aider à la mise en oeuvre de la stratégie et du plan d'action.

Alors, après plusieurs semaines de travail, de consultation et de rédaction, les premiers résultats tangibles ont été livrés samedi, le 4 septembre 2010.


Une journée complète de formation avec 8 employés de EDS, 3 de EDCOL, 2 coopérants-fermiers-gestionnaires de Kunatari (légumes frais) et 2 coopérants-fermiers-gestionnaires de la coop Pabitra, Mehelkuna (semences de légumes).

Évidemment, j'avais prévu un horaire élastique qui permettait un retard au début (ce qui s'avéra) et plus de temps que pas assez pour chacun des modules.


Ce que j'ai trouvé de particulièrement éprouvant, c'est la traduction simultanée et le fait de ne pas comprendre les échanges qui en découlent. Autre élément difficile à cerner; leur niveau de compétence en la matière. Il faut tenter de ne pas les sous-estimer pour ne pas les prendre pour des nonos. Mais ne pas les surestimer non plus pour passer par-dessus des principes de bases que l'on croit élémentaires.


Les participants ont semblés aimé. Les parties théoriques et la lourdeur de la traduction simultanée ne les a pas endormis. Ce que je craignais le plus.

Les faire participer aux ateliers n'a pas été si difficile non plus malgré leur nature réservée. Plusieurs ont pris la parole pour exprimer leurs opinions et partager leurs expériences.


Le président de la coop Pabitra (semences) était bien attentif. Il a exprimé son point de vue à quelques reprises.




Une des 'social mobilizers' de EDS. J'aime bien le titre qu'ils donnent à ces employés. Leur principale responsabilité: mobiliser la communauté dans laquelle elles sont basés à propos d'enjeux de développement social, économique et sanitaire. Et ce, sur une base soutenue à long terme. Elles joueront un role essentiel dans la collecte de données auprès des producteurs pour l'étude de marché.

Les quatre femmes présentes étaient toutes des social mobilizers. Je crois qu'elles étaient toutes des nouvelles au sein de l'organisation. Il a fallu insister un peu plus pour qu'elles prennent leur place et qu'elles s'expriment.


Prochaines étapes à venir: plusieurs field trips pour supporter et superviser la collecte de donnée sur le terrain.

mercredi 15 septembre 2010

Krishna et sari rouge



Voici la petite histoire du Sari et d'Annik

Le Sari est un long tissu mesurant à peine 4 mètres de long dans lequel les femmes s’enveloppe. Elles portent une demi-blouse ainsi qu’un jupon pour éviter les voyeurs. S’habiller prend une tout autre forme. Les plis dans le sari sont faits sur mesure à chaque fois que le sari est porté. Imaginez le temps que cela prend à faire, un bon 10 minutes.


Le kit complet est porté comme suit : le sari, des boucles d’oreilles, un collier, des bracelets une tresse avec une corde rouge et du rouge à lèvre. L’ensemble est de la même couleur. Dans mon cas, il est rouge. On oublie le rouge à lèvre, ce sera pour une autre fois. Ceux et celles qui me connaissent bien savent très bien que je n'en porte jamais!  Ah aussi un tika, un collant rouge dans le milieu du front ou sinon la poudre rouge au centre avec du riz, des fois. Le tika est un élément très important. Bref un vrai déguisement d'Halloween.


Le sari est porté par plusieurs femmes au quotidien mais les sari rouges sont portés lors de certaines occasions dont la naissance de Krishna, lors des mariages et lors du Teej, le festival des femmes.


J’ai eu mon baptême lors de la fête de Krishna. Je me suis pavané dans les rues et je suis même allée au temple parce que ma didi et d'autres femmes insistaient pour que j’aille voir! Je ne savais pas quelle surprise m'y attendait.


Bon, arrivée au temple, la foule occupait déjà les lieux. Des gens chantaient, des enfants déguisés en Krishna dansaient, des femmes et des hommes placés dans des sections différentes dansaient.



Ma collègue de travail, Tara (celle avec le costume orange), ainsi que ses amies me disent ''vient on va s’assoir à l’intérieur !'' je leur réponds que je n’y vais pas seule. Elles me rassurent et m’indiquent le chemin m’invitant à monter au temple. On s’assoit. Ensuite, ma collègue me dit ''vas-y danse!'' Je lui réponds ''il n’en est pas question, je n’y vais pas.'' Elle se met à dire à ses pairs que je danse bien. Moi, à ce moment précis, je suis gênée.


Elles insistent, elles veulent que je danse. Je leur réponds comme j’aime bien répondre à ceux et celles qui me le demandent, je vais danser si vous dansez. Elles se regardent, se parlent, se persuadent et me disent ''d’accord on y va.'' Zut, je suis pris au piège!


Le tour est joué et me voilà à l’intérieur du temple en train de danser, avec des centaines de pairs de yeux qui me regardent et  un conjoint qui prend un vilain  plaisir à me filmer tout en riant…


Voilà, c’est l’histoire du Sari rouge et de Krishna. Amusez-vous.



Naomi et son tika de riz dans le front.



Théo  qui se tient sur le lieu des offrandes (fruits et fleurs)




Finalement, voici une démonstration de quoi peut avoir l'air des pros en sari rouge bougeant sur des airs du festival de Teej chanté par un band pop de l'heure, ici au Népal.

mardi 14 septembre 2010

Rando à Jumla: pommes, noix de grenobles et pauvreté extrême


Véritable village figé dans le temps et isolé dans une vallée de marbre, Jumla fut notre plus récente évasion en famille à l'extérieur de Surkhet. Depuis notre arrivée au Népal, amis et collègues nous parlaient de ce village unique

L'Itinéraire initial 

Au début, nous avions prévu passer 4 jours à Jumla pour y faire des randonnées d'une journée. Puis, la semaine d'après, on prévoyait faire la même chose à Rara Lake, au nord de Jumla. En lisant le Lonely Planet, nous nous sommes rendus compte que nous pourrions rejoindre Rara à partir de Jumla suite à un trek de 4 jours suivant un parcours des plus sauvages. Nous avions donc prévu 7 jours pour atteindre Mugu, le district du Lac Rara, connu sous l'appelation de "la perle du Népal". 










Le Départ





En ces temps de fin de Monsoon, il est très dificile de réserver un billet d'avion même si la température le permet. C'est qu'il faut comprendre que lorsque des vols sont annulés, les népalais qui avaient leurs billets se voient confinés à Surkhet. Dans l'impossibilité de pouvoir voler, rejoindre leurs proches et sans un sou, ils couchent ou campent près de l'aéroport. Dès le lendemain, ils sont là, à attendre dès l'aurore dans l'espoir de pouvoir s'envoler. Résultats: des goulots d'étranglement où des dizaines de personnes veulent sauter à bord du seul avion qui décollera vers leur village. L'unique ou un des 8-10-12 vols qui iront vers cette destination ce jour là. JAMAIS possible de savoir d'avance. Du moins, ces temps-ci qu'ils nous disent. Les mots d'ordre: improvisation et chaos. Alors, il faut se tailler une place quand les "valvent ouvrent" et tout ça peut arriver en un rien de temps.


Pendant les nombreuses heures d'attentes à l'aéroport de Surkhet, nous observons les nombreux hélicoptères- mastodontes contractés par l'ONU pour acheminer des vivres sur une base permanente à cette région du monde qui est en pénurie de nourriture la majeure partie de l'année.


C'est pour cette raison que lundi matin, sous un soleil radieux, on décide d'utiliser la stratégie des locaux: j'allais me présenter à l'aéroport dès 7h30 avec Théo. Il faut dire que la veille, la méthode de réservation classique fut un échec. J'avais également pris soin d'utiliser mes contacts. Il fallait que j'aille voir la personne au nom de code "Bhupi" et lui dire le mot de passe "Nirmal". Il saurait ce que je voulais dire. J'avais l'impression de jouer les James Bond. Dès que mon vol serait confirmé, Annik viendrait me rejoindre avec le matériel, Emma et Naomi en taxi. 



6 heures et quelques vols plus tard, on décolle avec Tara Air comme seuls passagers dans l'avion, le reste était du cargo. Ils ont réussi à nous ''squizzer'' entre quelques sacs de riz et quelques valises. Les enfants sont intrigués. Le vol est un véritable charme avec les enfants, seulement des beaux petits dodos et beaucoup de question venant d'Emma. Pas de pleurs, ni de crisettes.





L'itinéraire réel

À notre arrivée, les gens du Kailash Hotel viennent nous rejoindre à l'aéroport. Deux porteurs nous aident à amener nos sacs jusqu'à notre chambre. On traverse le bazaar à travers couleurs vives, fumée de bois de cèdre et chants traditionnels crachés par des speakers cheaps. Nos sens s'activent par les fragrances de fleurs, d'herbes et d'épices métissées à la bouse de vaches et autre défécations de bipèdes et quadrupèdes qui jonchent la rue fait de boue et de pierre.


Quelques instants après notre arrivée, notre hôte nous informe que les porteurs locaux sont beaucoup plus chers que nous le pensions: 21 $ par jour + leur nourriture + le logis + les jours pendant lesquels ils reviendraient de Rara Lake. On en a besoin de 3. Dans l'Annapurna, nous avons déjà "booké" nos porteurs pour 10 $ par jour tout inclus. Ça vous donne une idée du prix. 



On se rend compte que nous n'aurons pas assez d'argent. Aucun guichet automatique à Jumla. On décide d'aller visiter les gens d'une ONG auprès desquels nous avons des contacts pour qu'ils nous prêtent des sous. Ces deux dames nous pètent royalement notre bulle. Nous qui voulions tellement faire Jumla-Rara Lake. Elles sont dans la région depuis longtemps et nous recommandent de ne pas faire ce parcours avec de jeunes enfants, surtout à ce moment de l'année. Sangsues, pistes bouetteuses et abruptes, conditions météorologiques très variables, grande distance entre les gites qui offrent à manger. On décide d'oublier notre idée en tant que parents responsables. Voici donc la version beaucoup plus simple de notre séjour à Jumla 

Durée du séjour: 4 jours et demi-4 nuits
Durée d'attente à l'aéroport: 2 jours complets
Randonnée: une seul journée autour de Jumla
Altitude maximale: 3200 m
Objectif: se balader et vérifier la capacité d'adaptation à l'altitude de tous
Nombre de participants: 5+1 porteur

Jumla


La pauvreté vous frappe telle une brique sur la tête quand vous arrivez à Jumla. Les contrastes y sont saisissants. En ce moment, c'est le temps des pommes et des noix de grenobles. Des centaines de sacs s'empilent sur le tarmac de l'aéroport juste à côté de centaines de sacs de riz fournis par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) de l'ONU. Cette région est encore complètement isolée du monde. Aucune route ne s'y rend. Seulement un tronçon qui prend plusieurs jours à faire en tracteur. En fait, la Banque mondiale a fait un prêt au Népal pour compléter la Karnali Highway de Surkhet à Jumla en ... 1990. Elle est encore en construction. 

Le fait que la région soit isolée fait en sorte que tous les biens de consommation y sont très chers à cause des frais de transport aérien. En même temps, l'activité économique, mise à part la production de pommes, est très faible provoquant ainsi une pauvreté extrême. Exemple: les pommes sont en ce moment 20 cents le KG. Mais tout le reste est deux ou trois fois plus chers qu'à Surkhet. Par contre, les revenus n'y sont pas. La main d'oeuvre qualifiée locale est en migration permanente à l'extérieur de la région en quête de quelques roupies à envoyer à leurs proches qui sont restés à domicile.

Presque tout y est acheminé par avion. C'est la région la moins développée du Népal. Aucun véhicule, aucun mis à part 4-5 motos et quelques tracteurs pour une ville de plusieurs milliers d'habitants. Shack en bois et infrastructures sanitaires déficientes frappent l'imaginaire. On y retrouve le style de vie que nos ancêtres devaient avoir il y a au moins au moins 500 ans, dans nos cités médiévales de Nouvelle-France, avant même les filles de Caleb !


Apparemment, les choses se sont quand même grandement améliorées depuis quelques années grâce aux dons et aux travail des donneurs internationaux.

Sous l'ombre des premiers sommets enneigés de l'Himalaya Sisne, Jumla est situé à 2370 m d'altitude. La culture du riz y est pratiquée et est considérée comme une des plus élevées sur la planète. La culture du riz rouge, un variété indigène adaptée aux conditions locales rigouseuses y est réputée mais boudée par les népalais du sud. 

Randonnée en montagne


Malgré la déception de la veille, on décide de s'embaucher un porteur pour tenter l'ascension de la passe de Danphe Lagna à 3720 m. Un premier sommet de la randonnée menant au Lac Rara qui surplombe la vallée de Jumla. Le Lonely planet prévoyait 6 heures pour la montée. Au total, nous avons marché 10 heures, aller-retour. Un tour de force avec les enfants.


Emma s'activait. Nouveaux souliers au pieds et ses mitaines, elle était prête pour affronter la grosse montagne.  



La piste était effectivement bouetteuse par section mais correcte en générale.


Les paysages alpins ont vite pris le pas sur les quelques lots fertiles aux alentours du village. Ne me demandez pas de quoi vivent ces gens perchés sur le roc... En fait, la dame à droite en bas nous a accompagné durant notre montée pour aller chercher quelques patates à Chere, le village voisin.


Ici en haut regardez à droite, vous apercevrez des ballots de blé. Elles en font de la farine à la main.


Pauvre Tital, notre porteur pour la journée. Théo ne l'a pas épargné. Il avait sa journée dans le corps à la fin du périple. Même s'il a l'air d'un tueur en série, Tital était très sympathique et très patient.


Mais Théo n'a pas été trop tannant. Juste un petit peu. On l'a fait marché un peu mais les précipices et les pentes abruptes l'invitaient. Il avait une attirance naturelle vers celles-ci. Surveillance permanente requise.


Cette route piétonne peut se transformer en autoroute par moment. Elle constitue le seul lien terrestre entre la région du Lac Rara (Mugu) et Jumla. Plusieurs convois de denrées et matériels transigent par cette voie. 


Petite pause à un deurali pour y déposer une roche symbolique pour implorer un bon voyage en montagne. Après un long bout difficile, une fois traversée, un deurali est installé pour remercier les dieux   




On nous avait dit que Chere, à 3000 m, était un village. Qu'il y avait restaurants, hotels et quelques habitations. Ben, vous voyez cette photo au-dessus. Voici le tout CHERE (prononcé Chéré)!!! Véritable batiment mutlifonctionnel, il fait office de tout ça en même temps. C'est le seul édifice dans le coin. On demande ce qu'ils ont à manger, des nouilles, type Ramen. OK. Une petite planche sous les fesses comme banc et une petite planche sous l'assiette comme table. Un tapis de boue et de fumier s'offre pour notre confort. La pluie commença précisement au moment ou nous nous apprêtons à manger.


C'est ce qui devait être les habitations de Chere dans le discours des locaux. Tenez-vous bien, ces planches et ce toit de plastique abritaient réellement une famille... En hiver, il neige et peut faire jusqu'à -20 à cet endroit.


Nous n'avons pas atteint Danphe Lagna, la passe qui culmine au-dessus de la vallée de Jumla. De l'autre côté nous aurions pu apercevoir des Himalayiennes qui tronent à 6000 M et + mais les nuages les auraient surement voilé. L'orée de la forêt nous a souhaité bon retour. La brume étaient épaisse et cachait le mur que nous aurions du franchir comme derrière étape de la journée.


Nous nous sommes arrêté un peu plus haut que Chere, à 3200 M. Le manque de force pour transporter Emma qui n'en pouvait plus après 5 heures de marche et l'heure qui avançait ont eu raison. Une chance car nous sommes revenus à l'hotel 15 minutes avant la noirceur...


Par contre, eux ont continué. Nous nous sommes dépassés mutuellement à quelques reprises durant l'ascension. Ces gars transportaient des feuilles de toles jusqu'à Mugu ! 4 jours à marcher en montagne avec des feuilles de tole ''strappé'' sur le front. Imaginez ! C'est la seule façon de les acheminer à destination. Tranporter ce matériel par avion jusqu'à Mugu serait trop cher.


Pas une, 8 feuilles de tole !


Sur le chemin du retour.


Les locaux

Les Thakuri représentent le groupe ethnique le plus présent dans la région. Leur visage usé par le temps et leur force de vivre témoignent d'un mode de vie ancestral. Les ornements dorées que les femmes portent au nez et aux oreilles prouvent que la mode saisonnière et ce qui est IN à Paris n'a pas sa place ici.



D'une gentillesse accablante, ils sont capables de garder la bonne humeur malgré les difficultés quotidiennes que leur imposent la vie en altitude. Cette dame, ci-bas, qui nous avait accompagné pour chercher ses patates étaient fière de nous montrer le berceau dans lequel sont enfants se reposait.




Les enfants ont parsemés notre route. On peut voir que l'hygiène peut représenter un problème qui peut se détériorer en infection et autres maux. Par contre, nous avons vu des installations qui fournissaient de l'eau à plusieurs reprises durant la journée.




Surprise, cette dame était heureuse. Heureuse de nous croiser sur son chemin mais aussi contente de sa récolte. Hé oui, fait étonnant, la marijuana est une plante que l'on retrouve PARTOUT à Jumla. C'est fou de voir que tout le monde en est indifférent. Ça pousse comme de la mauvaise herbe comme l'autre dirait. En plus, c'est le temps des récoltes faut croire !

Emma hésitait à se coller à cette madame...



Ce petit sourire peut sous-entendre ce qu'elle fait avec cette herbe aux vertus biens connues.


Voici la vue que nous avions en regardant par la fenêtre de notre deuxième hotel, l'autre coté de la rue de l'aéroport et du camp militaire adjacent.


Le chilum est encore bien utilisé dans cette région. L'arome se dégageant de celui-ci était bel et bien du tabac par contre.


La dame accompagnant le monsieur était bien attentive à nos déplacements.

Notre hotel

Même si nous n'avons pas campé en soi, l'hotel nous a offert que du Dal Baat, oeufs et chow mein pendant ces quatres jours. Se laver était également un défi avec seulement une petite chaudière d'eau froide et une d'eau chaude chauffée au four à bois accompagnée d'une tasse pour se laver les cinq.







L'architecture


L'architecture locale fut définitement une belle surprise. Le ciment et les briques conventionnelles étant inexistantes dans le coin, les locaux se sont carrément sculptées des briques eux-même dans le marbre, minéral abondant dans la vallée. Le bois y est également très présent. Essences de cèdre, de pin, d'érable et d'arbres à noix se cotoient et s'harmonisent avec le décor alpin qu'offre la vallée.








Le retour


Revenir à Surkhet n'a pas été de tout repos non plus. Il aura fallu presque deux jours d'attente à la porte du tarmac de l'aéroport. Oui, 2 deux jours à se faire dire: prochain vol, dans deux heures, bientot, etc.


Leçon no 1: Garder son sang froid

  • Quand le mot peut-être revient dans chaque phrase.
  • Quand les petits ne s'en peuvent plus d'attendre
  • Quand Théo fait un no 2 dans son froc et qu'il n'avait pas de couche
  • Quand il faut négocier les billets, les payer au vent, et peser les bagages dans un chaos total, à l'extérieur (voir photo) avec la personne que l'on pense être responsable. 
  • Quand la météo se détériore et que 45 personnes ont passé devant toi sur des vols antérieurs
  • Quand tu dois retourner à l'hotel après une journée complète d'attente à l'aéroport à se faire dire que tu pars bientôt.
Leçon no 2: Se faire des amis et profiter de ses nouveaux contacts
  • Quand tu vois qu'un officier de l'armée t'aimes bien et qu'il peut te faire passer devant tout le monde. C'est plate mais si tout le monde est passé devant toi, c'est moins gênant. 
  • Quand tu connais la game.
  • Leur faire confiance parce que des fois, tu ne reverras jamais la couleur billets qu'ils t'ont pris et ne t'ont jamais redonné.
Leçon no 3: Innover

  • Demander d'échanger des billets d'avion d'une compagnie avec une autre qui elle, vole ce jour là ! Ça marche !
  • Péter une coche solide si nécessaire. 


Théo et Emma ont quand même été patients, malgré tout.




Une chance que nous sommes revenus vendredi, les jours qui ont suivis. La pluie a envahi les cieux. Nous serions fort probablement encore pris à Jumla en ce moment.

Pour ceux qui sont en attentes de photos de pics enneigés, ça s'en vient. Notre prochain trek sera THE BIG one.  On s'aligne l'Annapurna pour 23 jours à la fin septembre.