samedi 26 février 2011

Visages, apprentissages et paysages



J'ai fait plusieurs visites terrains récemment pour des formations, des visites officielles et des suivis. Je me suis dit que ce serait bien de partager avec vous quelques visages des paysans avec et pour lesquels j'ai travaillé au cours des derniers mois. 

Cette femme ci-haut était tellement resplendissante, si souriante. Il faut savoir que normalement, c'est du sérieux se faire prendre en photo. La plupart d'entre eux sont comme nos arrière grand-parents quand on se prépare pour une pause. Elle et son mari (ci-bas) sont les fermiers les plus enthousiastes, les plus déterminés, les plus fiers et les plus entrepreneurs (et j'en passe) que j'ai croisé dans les champs jusqu'ici.



Ils avaient de bonnes superficies de tomates en culture. Le CECI les avait supporté avec 6 petites serres de plastique pour démarrer leurs plants durant l'hiver et eux-mêmes avaient investi dans 5 autres pour un total de 11. L'année prochaine, ils planifient en construire 20, que le CECI soit là ou pas.





Celle-ci était une productrice de chou et de brocoli à Dahachaur.


J'en ai profité pour me faire une petite réserve pour la journée. Sans intermédiaire, elle a pu avoir 100 % des 30 roupies (42 cents) du kg que je lui ai versé. Normalement, la fermière n'aurait eu que 16-17 roupies pour son kilo. Tout le monde était heureux.



Le coordonnateur régional du CECI pour l'ouest du Népal, Harihar, a également profité de son passage pour se garnir d'un beau chou-fleur.



Beaucoup de moyens de sensibilisation sont déployés par les partenaires locaux pour convaincre les gens du coin du potentiel important que représente la culture maraîchère. 


Celle-ci, je n'ai pas réussi à la faire sourire, mais ça s'en venait...


Les fermiers de cette région se spécialisent également dans la production de semences de légumes. Ils sont réputés pour leur capacité de mise en marché coopérative afin d'approvisionner des semenciers exportateurs importants basés à Katmandou. Plusieurs de ces graines s'envoleront vers les montagnes du Buthan et le Bangladesh.



Ici, nous sommes arrivés en plein milieu d'une Business Literacy Class (BLC). Ces sessions de formations basées dans les villages sont animées par une femme qui amène ses pairs à se positionner vers une activité ayant le potentiel de générer des revenus. Agricultrice, couturière, éleveuse de chèvre, commerçante de détail, et plein d'autres vocations et opportunités sont discutées. Ensuite, chaque femme chemine vers son choix à partir d'un coffre à outil qui est mis à leur disposition. 



Le coffre à outil


Le retour à la route se fait à travers les champs verts. Ici, nous voyons une culture très expérimentale pour ce coin de pays: de la camomille. Lorsque j'ai demandé aux fermiers du coin ce qu'ils savaient de cette herbe très prisée dans nos tisanes de notre côté de la planète, ils m'ont répondu qu'ils ne savaient pas trop. Ils ne sont pas familiers avec cette plante calmante naturelle mais se sont fait dire qu'il y avait des acheteurs potentiels. Belle diversification !


Paysages de blé et de pois.

mardi 22 février 2011

dimanche 20 février 2011

Notre premier mariage



Il y a une semaine, nous assistions à notre premier mariage. Le fils de Tulsi, Nobin, 16 ans, se mariait avec sa femme de 17 ans.  Les deux sont dalits, la caste inférieure, les «intouchables». Le jeune s’est marié malgré les conseils judicieux de sa mère. Elle lui suggérait d’attendre avant de faire ce passage vers le monde adulte. Tulsi s’était aussi mariée à 15 ans. Elle connait la charge de cet engagement.  Nobin a une cinquième année du primaire dans ses poches et peu de compétences. Le nouveau couple marié habite maintenant chez Tulsi, bizarre me direz-vous! Ke garne? Me répond t’elle.


Ayant dit cela, la journée a été une découverte culturelle colorée. On arrive vers 8h00 am en pensant que nous nous rendions au temple comme Tulsi nous l’avait indiqué. Les plans avaient un peu changés. Nous allions faire la cérémonie à même sa maison dans un mini-temple conçu à cet effet.  Des bananiers, du tissu, des décorations, etc. Des dizaines d'invités étaient attendus et les festivités allaient se dérouler jusqu'aux petites heures du matin.

Lors de la préparation,  le « prêtre » désigné conduisait la cérémonie avec les futurs mariés. D’habitude, ce sont les Bahuns qui dirigent ces cérémonies. Dans la religion hindoue, ce sont ces individus qui transmettent le savoir par le sanskrit, une écriture traditionnelle qui relate les traditions et rites religieux. Cependant pour la caste inférieure de Tulsi, les intouchables, 3 Bahuns avait été approchés et aucun d’entre eux n’a voulu célébrer le mariage du nouveau couple. Tulsi a du se tourner vers un de ses pairs dalit. Ce dernier avait appris les rites et a su combler une de ces injustices créée par le système de castes.

Lors de la cérémonie, nos points chauds ont été les suivants, il s’agit d’observer les photos et d’imaginer notre journée :



Théo et ses chums



La préparation du repas du côté des femmes

Telles des fourmis affairées dans la fourmilière, le labeur se faisait sentir. Les femmes d’un  côté, coupant les légumes, les hommes de l’autre préparant le repas. Le beau-frère de Tulsi s’était fait boucher d’un jour : une biquette et trois poules à abattre pour­ nourrir les invités.  Le met : du achar (marinade piquante), légumes, curry, riz, mouton et poulet. Un délice.



Une partie du lunch en devenir



Une autre version du lunch en devenir avec les bouchers du jour, quelques minutes plus tard.



La préparation du côté des hommes


Emma, sa kurta et Théo et sa cravate (pas mal beau mes enfants!)



Le lieu de culte pour l'occasion



Nobin vêtu en toute simplicité pour se préparer à faire un pèlerinage mimé.



Maquillage local





Les filles qui coiffent la  nouvelle mariée





Nobin qui porte des oreilles en feuilles




La grand –mère maternelle


La grand-mère du côté paternel



Je me fais accoutré mon sari rouge pour cette grande occasion



Un peu plus de make-up








Naomi et papa, criant maman dans son langage



Assiettes jetables biodégradables cousues sur place



Un des quelques chaudrons ...



À la bouffe



La beauté du jeune couple coloré





La distribution du tikka et des roupies. Chacun offre un tikka et un petit cadeau en signe de reconnaissance. (50-100 roupies à chacun) Frank et moi avions aussi offert 25 kg de riz afin que Tulsi n’ait pas à défrayer cette dépense.



Esquisser un sourire semble ardue. Ils étaient tout de même heureux. Nous étions les seuls photographes du jour.



Photo de famille



La mariée avec un débordement facial de tikka



Le marié avec des tikka à volonté



Une cousine



La journée achève