jeudi 3 février 2011

Field trip in the hills


Quand les gens du CECI basés à Montréal ou les fonctionnaires de l'ACDI (Agence Canadienne de Développement International) basés à Ottawa se dirigent vers le Népal, ils vont sur un "field trip". Lorsque les employés du CECI basés à Katmandou viennent nous voir à Surkhet, ils sont en visite terrain (synomyme de "field trip"). Pour moi, faire un "field trip", c'est conduire quelques minutes au-delà des extrémités de la vallée. 

À une heure de Surkhet se trouvent les VDCs (Village Development Comittee) de Kunatari et Pokharikada. Ces deux petites bourgades montagnardes à l'ouest de Surkhet hébergent les centaines de petits producteurs maraîchers ciblés pour l'étude de marché sur laquelle je travaille. J'ai profité d'un déplacement de l'équipe régionale du CECI pour aller faire mon petit tour cette semaine, question de valider certains aspects de l'étude, discuter de certaines problématiques avec les producteurs et constater certaines réalités terrain vécues à ce moment-ci de l'année.


Nous voici à Baddichaur. Là où Annik avait fait une prestation de danse devant des milliers de fans finis. Ce bâtiment est le collection center de la région. Il est le centre nerveux des fermiers qui peuvent marcher des heures avant d'y livrer leur précieux matériel végétal fraîchement cueilli. Plusieurs heures séparent ces communautés éloignées reliées à ce centre par des pistes et de petits sentiers. Le manager de ce centre représente pratiquement le seul acheteur pour écouler leur stock frais. Le centre est situé sur le petit tronçon d'asphalte qui traverse le village et qui relie le village avec Jumla d'un côté, et le reste du monde de l'autre.


En principe, ce centre se veut la propriété de la communauté mais il y encore confusion en la demeure. En fait, la coopérative du coin vient de se voir transférer la responsabilité de gérer ce centre. Plusieurs ONG (organisations non-gouvernementales) internationales ont supporté la construction de ce petit bâtiment. Les méthodes d’entreposage y sont encore rudimentaires.


La pesée


Les espaces intérieurs


Le bureau du manager. À première vue, ces photos peuvent sembler désarmantes. Mais, il faut tout de même considérer l'historique des terres arables de cette région où seulement le riz était seulement cultivé pendant une seule saison il y a quelques années. La production de légumes hors saison a été initiée et le marketing de ces légumes mis en place graduellement. Auparavant, aucun grossiste ou marchand ne venait ici pour s'approvisionner en produits frais. Ils se font encore très rares. La route ne passe par là que depuis seulement quelques années. Tout était à bâtir, sans parler de la rébellion maoïste qui s'acheva en 2006.



Alors des écoles se sont érigées. Des puits et des latrines pour améliorer la condition sanitaire et hygiénique de ces peuples des montagnes ont été supporté. Les gens ont cessé de craindre et ont recommencé à espérer.


Une relève profite d'infrastructures qui n'existaient pas à l'époque de leurs parents. Ici, j'ai été surpris de voir qu'il y avait seulement 19 élèves par classe ! Moins qu'au Québec. À l'école privée adjacente au bureau de mon organisation à Surkhet, dite réputé et exemplaire, ils sont en moyenne 50-60 par classe pour un seul enseignant.



Le bâtiment de cette école a été construit avec le support du Japon et ... de ses matériaux de construction importés. Symptôme d'un "tied foreign aid" définitivement néfaste pour l'économie locale, à mes yeux.


L'accélération des possibilités de production maraîchère sur ces flancs de montagnes arides a également été supportée au cours des dernières années. Le CECI, à travers son programme Sahakarya a investi pour la construction de plusieurs bassins de rétention d'eau de source afin d'alimenter des micro-réseaux d'irrigation gérés par des comités locaux par la suite.


Ces comités décident des heures d'ouverture des valves, des parcelles qui seront alimentées en eau en fonction des périodes. Ils sont également responsables de l’entretien de ces immenses bassins une fois construits. Dans le cas ci-haut, des crabes causaient des problèmes à la structure et à la source. Perçant des trous dans la première, bouchant de boue la deuxième. Le comité délibérait sur les travaux à entreprendre. 


Plusieurs étangs et bassins artificiels sont aussi creusés et maintenus par la communauté. Sans ces précieuses réserves d'eau, le vert des parcelles que vous apercevez n'existerait pas.




Une fois les valves ouvertes, l'eau dévale ces canaux de ciment conçus en fonction des besoins de la communauté. Les nouvelles possibilités qu'offrent cette nouvelle irrigation sont nombreuses: production de légumes générant des revenus intéressants, augmentation de la sécurité alimentaire, ajout d'une ou deux saisons de culture.





Contrairement à ce que peut laisser croire ma face, je suis agréablement surpris par cette serre fait de plastique et de morceaux de bamboo ! Avec le support fourni par le CECI et les autres ONG oeuvrant dans le secteur, les locaux utilisent désormais ces serres pour démarrer leurs semences. Ces serres sont également utilisées plus tôt durant l'hiver pour la culture de divers légumes.






Il y a également une groupe communautaire pour la gestion de la forêt au plan local. La matière ligneuse et les produits forestiers non-ligneux (PFNL) représentent aussi des éléments de survie alimentaire et financière pour ces communautés. Les arbres qui surplombent les champs valent des milliers de dollars chez nous. Ils ne pourrissent jamais, sont durs et partagent les caractéristiques exotiques du tek.
   

Mon collègue Mayanath qui prépare le thé.


Avant l'intervention du CECI il y 3 ans, les femmes devaient marcher plus d'une heure jusqu'à la rivière pour s'approvisionner en eau. Plusieurs y perdaient des morceaux de vaisselles, vêtements et un temps précieux qui peut maintenant être dévolu à d'autres activités beaucoup plus productives. Cette eau provenant de la rivière était souvent contaminée, exposant les enfants et les plus vulnérables à d'innombrables épisodes de diarrhée et autres bactéries indésirables.


Après avoir marché plusieurs heures et rencontré plusieurs villageois enthousiastes, nous avons effectué un dernier arrêt à ce centre d'apprentissage participatif (Participatory Learning Centre, PLC) destiné aux femmes du village. Elles venaient de finir une session. Pendant ces moments qu'elles se réservent, ces femmes se rencontrent pour partager leurs savoirs, leurs problèmes et leurs joies. Elles décident elles-mêmes de l'agenda. Elles font appel à des ressources externes si nécessaire. La plupart étant d'une caste marginalisée, illettrée et d'un niveau de pauvreté certain, cette formule semblait définitivement avoir un impact majeur sur leur quotidien.


Elles nous ont accueillis chaleureusement. J'ai pu leur poser mes 23 questions. 



Leur conclusion sur le marketing: le seul acheteur du village ne nous donne pas le prix souhaité pour nos légumes. Nous sommes heureuses d'avoir toutes ces nouvelles infrastructures pour augmenter notre production et nous le ferons mais, où vendre ces surplus? Nous sommes à 2h à pied du collection centre. Ce n'est pas évident de transporter tous ces kg dans nos dokos (paniers d'osier portés sur le dos et soutenus par une sangle frontale) en plus de vaquer à nos autres occupations.

La mise en marché est définitivement leur prochain défi. Des discussions sur les stratégies à adopter sont en cours...

1 commentaire:

  1. Avec ces informations,on voit bien que l'aide à ce peuple est nécessaire!!
    Aline

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