mercredi 3 novembre 2010

Around the Annapurna (partie 2/6)

JOUR 7 Kinghar-Jomsom

On décide de se lever encore plus tôt pour atteindre Jomsom avant 15h00 : 5h30 AM. Malgré cet effort, on ne réussi à partir qu'à 8h15. C'est qu'on veut tenter de traverser la vallée avant 11h, avant que les grands vents ne se lèvent. François est faible, sa diarrhée l'a affaibli. On suspect un peu le mal de l'altitude aussi. Une petite granule de Diamox pour l'aider.

François se traine jusqu'à Jomsom après une longue route et un vent redoutable. Les filles portent son fardeau aujourd'hui. Il se contente du petit sac à Anny. Une chance qu'elle est là. Nous arrivons à 13h30 au Xanadu. Un hotel recommandé par LP et une connaissance. Petite déception car oui, c'est propre, mais le laudromat est très cher: 190 roupies (1,75 $) pour UN pantalon. Incroyable. On reporte la brassée. Bonne douche d'eau chaude, boiseries et bonne bouffe. Le prix de la chambre: 350 roupies (5 $)

François en profite pour se reposer tout le reste de l'après-midi. 

JOUR 8 Jomsom-Chimang-Larjung

Après d'excellents gruaux aux pommes locales râpées, on quitte à 8h15. François se sent mieux après une longue nuit de sommeil (19h à 5h). Déjeuner pour lui: 2 tylénols, 1 zitro,1 immodium et 1/2 bol de gruau. On décide de faire une route alternative à partir de Marpha, 2h de + au programme. On prévoit finir la journée à Tukche.



Annik fait sa rencontre avec ses premiers ponts suspendus. Elle qui a une phobie des hauteurs. Ce pont est situé à Chhairo. De l'autre côté, nous arrivons dans une forêt de pins géants qui veille sur un refuge tibétain d'une quarantaine de maisons. Près du hameau, un Gompa vieux de 300 ans est en pleine restauration. 

Un Gompa est une fortification ecclésiastique typique de la culture bouddhiste au Tibet, au Népal et au Ladakh, Inde. À l'intérieur des murs de ces monastères, une vie spirituelle intense s'y déroule. Leur design intérieur peuvent varier d'une région à l'autre mais la plupart ont un mandala géométrique qui orne la salle centrale vouée à la prière. Les moines y méditent et vivent dans des résidences adjacentes. Les gompas sont souvent accompagnés de chortens comme celui-ci qui se situait dans le village voisin.


Un chorten (ou stupa) est une structure ronde qui contient généralement une relique bouddhiste ancienne. Pour plus de détails sur ces monuments, vous pouvez aller vers ce lien wikipédia.


Suite à un sentier très escarpé, nous arrivons dans une micro-sphère d'agriculture avancée. Un versant de montagne habitée par une communauté qui détient clairement un savoir poussé sur le maraîchage et la culture des fruits. Des paliers en cultures intercalaires qui renferment une pléthore de fruits et légumes très diversifié. Une diversité comme je n'en avais jamais vu ailleurs au Népal. Des pommiers en fruits à perte de vue. Bref, une communauté qui se prend en main.


Des savoirs-faire qui se perpétuent surement de génération en génération dans ce village isolé du reste du monde qui voit débarquer des centaines de trekkers 2-3 mois par année.


Près des chortens et gompas, on retrouve souvent des manis. Ces pierres plates sur lesquelles sont inscrites des mantras, des formes de prières tibétaines. Ces pierres sont souvent disposées le long des routes ou des rivières.


Une fois traversé le village de Chimang, on peut apercevoir que celui-ci est littéralement perché sur la crête des montagnes arides de la Kali Gandaki. 


Pour revenir sur Tukche, il faut repasser par-dessus la Kali Gandaki mais, il y a du traffic. Pas évident de forcer un troupeau de chèvre à traverser un pont chambranlant. Ça prend toute une équipe.



Ghale a décidé qu'il n'attendrait pas. Il se lance à travers le troupeau avec Théo sur son dos.



Yeah, Annik a réussi !



Nous arrivons à Tukche en pensant que nous allons y passer la nuit. Oups, bogue majeur: nos deux autres porteurs n'y sont pas. Nous avions permis à KB et Ekbadur de prendre un raccourci et de nous rejoindre à Tukche. Nous avions convenu de se rejoindre là.

Ils ont tous nos bagages. Seraient-ils partis en nous volant tous nos biens ? MMhh, impossible. Ghale, l'autre porteur qui est avec nous, semble nerveux. Il commence à questionner les gens du village. Finalement, quelqu'un l'informe qu'il a vu deux porteurs continuer sur la route 1h30 plus tôt. Nous continuons malgré la fatigue.



La face sud du Nilgiri était exposé au soleil : magnifique. Par contre, le Daulagiri était caché par les nuages.



Ouf, nous arrivons à Larjung et nous les rattrapons. Ils s'étaient fait dire qu'une famille était passé avant eux. Pris de panique, ils avaient quitté en pensant qu'on était arrivé avant eux. Arrivés à Larjung, on constate que les villageois parlaient d'une autre famille, des suisses avec deux petites filles. Ouf, confusion réglée.

Arrivé au River Side Lodge, Théo et Emma se familiarisent rapidement avec notre nouvelle maison pour la nuit et écosse des pois dans la cour. Il est 16h30. 1h30 de plus que l'heure fixée par notre règle d'or qui dicte que nous devons arrêter de marcher à 15h00.



Le soir venu, on constate l'étendu des dégâts sur nos pieds. Des ampoules qui occupent parfois la moitié de la superficie de nos orteils. On les traite avec des trucs de grand-mères. On se couche à 8h30.

Jour 9 Larjung- Ghasa


Cette vue matinale apaise un peu notre début de journée "ruff". La diarrhée n'a pas quitté le corps de Naomi. Changement de couches à répétition. Suite à quelques discussions la veille, on décide de s'aligner une autre grosse journée, destination Ghasa. On estime un 8hrs de marche + 1 heure de lunch. LP disait 5-6 heures mais selon notre expérience, il faut ajouter 1 heure à chaque trois heures prescrit dans le livre. 


Encore un peu d'adrénaline pour Annik.



Une petite pensée pour La Clé des Champs de St-Camille et Cultur'innov. Voici un plant de ginseng. Il y en a des centaines près de la rivière.


D'autres plants qui me font penser à d'autres groupes de personnes. Encore une fois, c'était LA plante dominante du coin.


D'autres plantations qui me font penser à Jo et Karen de Natur'eau-Lac. C'est fou de constater que des techniques de stabilisation de berges sont utilisées dans ces régions reculées. On peut voir des saules le long de  la berge pour stabiliser le sentier, j'imagine.


Des singes qui nous observent entre quelques troupeaux de moutons.


On arrive à Ghasa à 15h45. Après avoir inspecté quelques guest house crasseux, on élit domicile au Eagle's Guest House. Très propre avec des salles de bains individuelles. Eau chaude garantie, wow ! 

JOUR 10 Ghasa-Tatopani


La descente douce dans la vallée se continue. Nous sommes partis de 3760 M à Muktinath il y a quelques jours pour descendre jusqu'à 1200 m à Tatopani. On quitte Ghasa à 8h30. Annik pense qu'elle a une tendinite au talon d'achille et François a un "genou du randonneur". On se met sur les anti-inflammatoire pour finir la journée. 



Une affiche qui indique que le temps de la défécation humaine à l'air libre, n'importe où dans le village, est maintenant révolue dans cette communauté.



On arrive à Tatopani dans les temps. Il est 13h30. On s'installe dans une petite maisonnette du Daulagiri Guest House. Très belle place. On mange et on se dirige tout de suite vers les "hots springs" vivement méritées.


Tatopani signifie eau chaude en népalais.



Après s'être détendu, quoi de mieux que du lavage à la main. Petite incursion sur Internet entre temps.


La journée s'est terminée par une MÉGA brassée, la plus grosse de tout le voyage. Une corvée accomplit par Annik. Le soir venu, bon souper et bouteille de vin. On se couche à minuit. On profite au max ne se doutant pas de l'incident presque tragique qui surviendra le lendemain matin ...

lundi 1 novembre 2010

Around the Annapurna (partie 1/6)

JOUR 4- Pokhara-Jomsom-Marpha (la suite)

On sort de l'avion. La vue est à couper le souffle. On se sent si petits en voyant ces massifs. L'altitude amène avec elle une petite brise frisquounette. 


On entre dans le batiment de l'aéroport pour s'habiller plus chaudement. Nos deux porteurs Gale et KB sont sur place. Les trois sont de l'ethnie Gurung. Étonnant comme ils sont petits. 5 pieds, gros max.


Ils font connaissance avec ce qui deviendra leur fardeau pour les 20 prochains jours. Une cargaison qui va quand même diminuer au fil du voyage. Disons que 200 couches, ce n'est pas si lourd mais ça prend de la place !

L'attitration officielle de chacun des bagages se fera au cours des deux prochains jours après quelques tests et essais. Décision finale: Je transporterai Emma, Ekbadur transportera le Lowe Alpine bleu d'Annik contenant les sleeping bags (plus léger), Gale transportera Théo tout le temps, KB transportera le 105 litres de François (le plus lourd). Bon premier contact.

Anny avait bien géré sa maison portative. Un petit 50 litres seulement.


Pour notre premier jour de randonnée, on décide de descendre à Marpha qui se situe à 2680 m. Petite marche de 2 hrs. 


Ce sont les "prayers wheels" bouddhistes qui nous accueuillent. Ces cylindres sur lesquelles des prières sont en relief. Il s'agit de les tourner pour que les prières soient récitées. Plus efficace que le chapelet et ses 50 je vous salut Marie !

Une première vue du village s'offre à nous. À flanc de montagne, ce village a su préserver toute sa splendeur et son cachet d'époque. La route qui longe maintenant la vallée ne le traverse pas, ça aide.


Le pavillon d'entrée (kanis) qui nous rappelle que nous sommes en territoire bouddhiste. 


Cette vieille madame était bien curieuse de nous voir. Pour plusieurs habitants, nous arrivons tel les premiers oiseaux migrateurs en transit vers une autre destination. En fait, on nous dit que ce sont les Israéliens qui symbolisent la venue de la haute saison. Lorsqu'ils arrivent, celle-ci débute vraiment.


Marpha un village Thakali réputée pour ses pommes, ses abricots et ses liqueurs de fruits. L'ethnie Thakali est bien connue à travers le Népal pour ses aptitudes commerciales en hôtellerie et en cuisine.

Notre premier ciel bleu pétant nous dévoile l'allée principale du village fait de dalle de pierre et murs blanchis traditionnels. On s'arrête au Neeru Guest House. La place est bien, mais l'eau chaude ne sera qu'une douche d'eau froide. Premier défi de taille avec les enfants.


Nous déposons notre stock dans notre chambre une fois passée la belle véranda ensoleillée. On décide d'aller se promener un peu. Marpha est réputée dans tout le pays surtout pour ses pommes. Quel bonheur, nous arrivons en plein dans la saison. Pommes fraiches, apple crumble, cidre et Apple Brandy au menu. Quel délice ! On commande même des Momos aux pommes. Une première.


D'autres prayer wheels et une gigantesque en arrière-scène.


Les enfants sont heureux. Ils le seront moins dans la soirée. Nous ajoutons une règle d'or au périple: les enfants prendront leur douche avant le souper. Ce soir-là, la fatigue aura eu raison de tout le monde.

JOUR 5 Marpha-Kagbeni


Grosse journée devant nous.On passe tout droit. Lever à 6h45. On réussi à partir à 8h20 grâce à Anny. Départ pour Kagbeni.

On revient sur nos pas de la veille et on arrive à Jomsom à 10h15


On a pris soin de demander des sandwichs au fromage pour au Guest house ce matin. Une chance car nos porteurs nous disent qu'on en a seulement pour une autre heure avant le prochain village. On écoute notre instinct et nos estomacs puis un s'arrête pour manger, allaiter Naomi qui nous manifeste qu'elle a faim et pour contempler la vallée qui s'ouvre à nouveau devant nous


Une vallée qui semble avoir hébergé des rivières de glace il y a plusieurs millénaires. Emma s'en allait se laver les mains dans un des derniers petits ruisseaux laissées par le Monsoon aux abords de la rivière.


Nous savons que nous en avons pour quelques heures encore avant même d'apercevoir Kagbeni.


En se retournant pour constater le chemin accompli après quelques heures, on remarque le sommet du Nilgiri (7061) qui  se pointe le bout du nez.


À Eklai Batti, un petit village de quelques habitations, nos porteurs se détendent un peu pendant une pause bien méritée.


Ghale avec Théo


Enfin, nous voyons de la verdure. C'est Kagbenir à l'horizon. On y arrive à 14h50.


À partir de 11h00. Un vent intense commence à nous pousser dans le dos. Un vent qui n'a fait que s'intensifier jusqu'à temps qu'on arrive à Kagbeni pour se réfugier derrière les murs de pierres et les allées étroites d'un village qui nous replonge à l'ère médiéval. Ce vent est quotidien. Il est tellement puissant qu'il soulève des nuages de poussières que l'on peut bien voir sur cette photo. Malgré ces conditions difficiles, plusieurs paysans s'affairent à entretenir leurs parcelles vertes et à faire la récolte saisonnière de céréales. 


Fumée, pèlerins et troupeaux de chèvres de montagne stationnées dans des enclos dispersées à travers le village retiennent notre attention.


Emma les regarde traverser le centre du village, perplexe.


Théo verrait davantage des autos circuler dans ces allées !


Toutes ces chèvres appartiennent au même propriétaire qui les a élevé dans des régions éloignées du Mustang. C'est un véritable périple vers l'abattoir que ces chèvres accomplissent. Dasain est à nos portes. Durant ce grand festival Hindu, la plupart des familles tue leur chèvre. Un rituel qui a nécessité plus de 35 000 chèvres de montagne au bas de l'Annapurna, à Pokhara, cette année. Et il parait que l'offre ne suffisait pas. L'an dernier, c'était 25 000. Le prix était de 6 000 roupies (85 CAD). C'est année, la pénurie a fait monté les prix à 11 000 (157 CAD) C'est beaucoup pour ici. Un signe que l'économie s'améliore ? Peut-être.


Auparavant, ces chevaux auraient transporté des sacs de sel et autres denrées par le traffic trans-himalayen. Désormais, ce sont les touristes qui les occupent.


Une petite fille devant notre hotel. Nous décidons d'y rester. Le Shangri-La nous accueille chaleureusement. Belle place avec une mezzanine et superbe salle à manger qui donne sur la vallée. Grande chambre avec 5 lits ; 100 roupies (1,30 $). Pas de salle de bain mais la dame nous offre la douche d'une autre chambre gratos. Bonus : Vraie eau chaude. Yes sir !

JOUR 6 Kagbeni-Kinghar-Muktinath

On se lève à 6h30 pour faire une petite balade dans Kagbeni (2840 m) avant d'entreprendre une bonne montée jusqu'à Muktinath (3710) dans le même jour. Par contre, on décide de laisser nos bagages à Kinghar (3400 m) sur notre chemin à midi pour continuer jusqu'à Muktinath pour ensuite redescendre dormir à Kinghar. On ne veut pas prendre de chances avec les maux d'altitude. Il n'est pas recommandé de faire plus de 300-500 m d'ascension par jour au-dela de 2500 m.


Aux portes du Mustang, il n'y a pas que des chèvres. Il y a aussi des Yak Donald's et des Seven Eleven !



Un autre monastère bouddhiste.


Après une montée raide à partir de Kagbeni, on arrive sur un magnifique plateau.


Un plateau qui révèle quelques pics enneigés mais surtout un environnement hostile à une végétation qui tente quand même de s'affirmer entre un jet de sable et une bouchée de yak.


Encore une fois, la démesure s'exprime difficilement sur ces photos. Voir la taille du troupeau de chèvre au loin du plateau aide un peu. 


Sur la route vers Kinghar, derrière nous.



Emma était patiente en sortant de notre deuxième hotel Nirvana à Kinghar. On vient d'y manger un Dalh Baath défraichi. C'est fort probablement celui qui déclenche notre première diarrhée du voyage, à moi et Naomi. Elle se manifeste durant la nuit. Le lendemain, la défensive s'organise sans hésitation. L'arme spéciale: Zithromax pour les deux. Situation sous contrôle par la suite  mis à part les premières dents de Naomi qui percent. Fait surprenant, ce sont les deux canines du haut.

C'est notre top 1 dans les pires Guest House que nous avons eu. Planchers en terre battue et toilettes infectes.   


On continue notre route vers Muktinath. Nous surveillons bien les symptomes des petits pour surveiller les maux reliés à l'altitude. C'est papa qui a un petit mal de tête qui commence.



Nous traversons Jarkhot, un autre refuge de moines tibétains.


Nous arrivons à Muktinath à 14h15. Nous avons seulement une heure devant nous car nous voulons redescendre à Kinghar pour 17h00.





L'objectif n'étant pas tant les temples et les "shrines" que les milliers de pèlerins indiens viennent visiter mais plutot notre propre pèlerinage au "Rasta restaurant and Reggae Bar Bob Marley" perché à 3760 m. Nous avions lu que cet endroit était le refuge non pas de moines mais de randonneurs épuisés qui venaient de franchir le Thorong la pass à 5410 m. L'ambiance est vraiment top. J'imagine qu'elle l'est encore plus le soir venu.



Une autre vue de Jarkhot en revenant de Muktinath.



Le ciel bleu ne nous a pas quitté un instant. Cette journée s'est terminée à 17h00. 9h de marche au total. Emma a fait sa part, en moyenne elle a marché 30-40 % du temps. Sa performance allait se répéter pour le reste du périple.