lundi 1 novembre 2010

Around the Annapurna (partie 1/6)

JOUR 4- Pokhara-Jomsom-Marpha (la suite)

On sort de l'avion. La vue est à couper le souffle. On se sent si petits en voyant ces massifs. L'altitude amène avec elle une petite brise frisquounette. 


On entre dans le batiment de l'aéroport pour s'habiller plus chaudement. Nos deux porteurs Gale et KB sont sur place. Les trois sont de l'ethnie Gurung. Étonnant comme ils sont petits. 5 pieds, gros max.


Ils font connaissance avec ce qui deviendra leur fardeau pour les 20 prochains jours. Une cargaison qui va quand même diminuer au fil du voyage. Disons que 200 couches, ce n'est pas si lourd mais ça prend de la place !

L'attitration officielle de chacun des bagages se fera au cours des deux prochains jours après quelques tests et essais. Décision finale: Je transporterai Emma, Ekbadur transportera le Lowe Alpine bleu d'Annik contenant les sleeping bags (plus léger), Gale transportera Théo tout le temps, KB transportera le 105 litres de François (le plus lourd). Bon premier contact.

Anny avait bien géré sa maison portative. Un petit 50 litres seulement.


Pour notre premier jour de randonnée, on décide de descendre à Marpha qui se situe à 2680 m. Petite marche de 2 hrs. 


Ce sont les "prayers wheels" bouddhistes qui nous accueuillent. Ces cylindres sur lesquelles des prières sont en relief. Il s'agit de les tourner pour que les prières soient récitées. Plus efficace que le chapelet et ses 50 je vous salut Marie !

Une première vue du village s'offre à nous. À flanc de montagne, ce village a su préserver toute sa splendeur et son cachet d'époque. La route qui longe maintenant la vallée ne le traverse pas, ça aide.


Le pavillon d'entrée (kanis) qui nous rappelle que nous sommes en territoire bouddhiste. 


Cette vieille madame était bien curieuse de nous voir. Pour plusieurs habitants, nous arrivons tel les premiers oiseaux migrateurs en transit vers une autre destination. En fait, on nous dit que ce sont les Israéliens qui symbolisent la venue de la haute saison. Lorsqu'ils arrivent, celle-ci débute vraiment.


Marpha un village Thakali réputée pour ses pommes, ses abricots et ses liqueurs de fruits. L'ethnie Thakali est bien connue à travers le Népal pour ses aptitudes commerciales en hôtellerie et en cuisine.

Notre premier ciel bleu pétant nous dévoile l'allée principale du village fait de dalle de pierre et murs blanchis traditionnels. On s'arrête au Neeru Guest House. La place est bien, mais l'eau chaude ne sera qu'une douche d'eau froide. Premier défi de taille avec les enfants.


Nous déposons notre stock dans notre chambre une fois passée la belle véranda ensoleillée. On décide d'aller se promener un peu. Marpha est réputée dans tout le pays surtout pour ses pommes. Quel bonheur, nous arrivons en plein dans la saison. Pommes fraiches, apple crumble, cidre et Apple Brandy au menu. Quel délice ! On commande même des Momos aux pommes. Une première.


D'autres prayer wheels et une gigantesque en arrière-scène.


Les enfants sont heureux. Ils le seront moins dans la soirée. Nous ajoutons une règle d'or au périple: les enfants prendront leur douche avant le souper. Ce soir-là, la fatigue aura eu raison de tout le monde.

JOUR 5 Marpha-Kagbeni


Grosse journée devant nous.On passe tout droit. Lever à 6h45. On réussi à partir à 8h20 grâce à Anny. Départ pour Kagbeni.

On revient sur nos pas de la veille et on arrive à Jomsom à 10h15


On a pris soin de demander des sandwichs au fromage pour au Guest house ce matin. Une chance car nos porteurs nous disent qu'on en a seulement pour une autre heure avant le prochain village. On écoute notre instinct et nos estomacs puis un s'arrête pour manger, allaiter Naomi qui nous manifeste qu'elle a faim et pour contempler la vallée qui s'ouvre à nouveau devant nous


Une vallée qui semble avoir hébergé des rivières de glace il y a plusieurs millénaires. Emma s'en allait se laver les mains dans un des derniers petits ruisseaux laissées par le Monsoon aux abords de la rivière.


Nous savons que nous en avons pour quelques heures encore avant même d'apercevoir Kagbeni.


En se retournant pour constater le chemin accompli après quelques heures, on remarque le sommet du Nilgiri (7061) qui  se pointe le bout du nez.


À Eklai Batti, un petit village de quelques habitations, nos porteurs se détendent un peu pendant une pause bien méritée.


Ghale avec Théo


Enfin, nous voyons de la verdure. C'est Kagbenir à l'horizon. On y arrive à 14h50.


À partir de 11h00. Un vent intense commence à nous pousser dans le dos. Un vent qui n'a fait que s'intensifier jusqu'à temps qu'on arrive à Kagbeni pour se réfugier derrière les murs de pierres et les allées étroites d'un village qui nous replonge à l'ère médiéval. Ce vent est quotidien. Il est tellement puissant qu'il soulève des nuages de poussières que l'on peut bien voir sur cette photo. Malgré ces conditions difficiles, plusieurs paysans s'affairent à entretenir leurs parcelles vertes et à faire la récolte saisonnière de céréales. 


Fumée, pèlerins et troupeaux de chèvres de montagne stationnées dans des enclos dispersées à travers le village retiennent notre attention.


Emma les regarde traverser le centre du village, perplexe.


Théo verrait davantage des autos circuler dans ces allées !


Toutes ces chèvres appartiennent au même propriétaire qui les a élevé dans des régions éloignées du Mustang. C'est un véritable périple vers l'abattoir que ces chèvres accomplissent. Dasain est à nos portes. Durant ce grand festival Hindu, la plupart des familles tue leur chèvre. Un rituel qui a nécessité plus de 35 000 chèvres de montagne au bas de l'Annapurna, à Pokhara, cette année. Et il parait que l'offre ne suffisait pas. L'an dernier, c'était 25 000. Le prix était de 6 000 roupies (85 CAD). C'est année, la pénurie a fait monté les prix à 11 000 (157 CAD) C'est beaucoup pour ici. Un signe que l'économie s'améliore ? Peut-être.


Auparavant, ces chevaux auraient transporté des sacs de sel et autres denrées par le traffic trans-himalayen. Désormais, ce sont les touristes qui les occupent.


Une petite fille devant notre hotel. Nous décidons d'y rester. Le Shangri-La nous accueille chaleureusement. Belle place avec une mezzanine et superbe salle à manger qui donne sur la vallée. Grande chambre avec 5 lits ; 100 roupies (1,30 $). Pas de salle de bain mais la dame nous offre la douche d'une autre chambre gratos. Bonus : Vraie eau chaude. Yes sir !

JOUR 6 Kagbeni-Kinghar-Muktinath

On se lève à 6h30 pour faire une petite balade dans Kagbeni (2840 m) avant d'entreprendre une bonne montée jusqu'à Muktinath (3710) dans le même jour. Par contre, on décide de laisser nos bagages à Kinghar (3400 m) sur notre chemin à midi pour continuer jusqu'à Muktinath pour ensuite redescendre dormir à Kinghar. On ne veut pas prendre de chances avec les maux d'altitude. Il n'est pas recommandé de faire plus de 300-500 m d'ascension par jour au-dela de 2500 m.


Aux portes du Mustang, il n'y a pas que des chèvres. Il y a aussi des Yak Donald's et des Seven Eleven !



Un autre monastère bouddhiste.


Après une montée raide à partir de Kagbeni, on arrive sur un magnifique plateau.


Un plateau qui révèle quelques pics enneigés mais surtout un environnement hostile à une végétation qui tente quand même de s'affirmer entre un jet de sable et une bouchée de yak.


Encore une fois, la démesure s'exprime difficilement sur ces photos. Voir la taille du troupeau de chèvre au loin du plateau aide un peu. 


Sur la route vers Kinghar, derrière nous.



Emma était patiente en sortant de notre deuxième hotel Nirvana à Kinghar. On vient d'y manger un Dalh Baath défraichi. C'est fort probablement celui qui déclenche notre première diarrhée du voyage, à moi et Naomi. Elle se manifeste durant la nuit. Le lendemain, la défensive s'organise sans hésitation. L'arme spéciale: Zithromax pour les deux. Situation sous contrôle par la suite  mis à part les premières dents de Naomi qui percent. Fait surprenant, ce sont les deux canines du haut.

C'est notre top 1 dans les pires Guest House que nous avons eu. Planchers en terre battue et toilettes infectes.   


On continue notre route vers Muktinath. Nous surveillons bien les symptomes des petits pour surveiller les maux reliés à l'altitude. C'est papa qui a un petit mal de tête qui commence.



Nous traversons Jarkhot, un autre refuge de moines tibétains.


Nous arrivons à Muktinath à 14h15. Nous avons seulement une heure devant nous car nous voulons redescendre à Kinghar pour 17h00.





L'objectif n'étant pas tant les temples et les "shrines" que les milliers de pèlerins indiens viennent visiter mais plutot notre propre pèlerinage au "Rasta restaurant and Reggae Bar Bob Marley" perché à 3760 m. Nous avions lu que cet endroit était le refuge non pas de moines mais de randonneurs épuisés qui venaient de franchir le Thorong la pass à 5410 m. L'ambiance est vraiment top. J'imagine qu'elle l'est encore plus le soir venu.



Une autre vue de Jarkhot en revenant de Muktinath.



Le ciel bleu ne nous a pas quitté un instant. Cette journée s'est terminée à 17h00. 9h de marche au total. Emma a fait sa part, en moyenne elle a marché 30-40 % du temps. Sa performance allait se répéter pour le reste du périple.

mardi 26 octobre 2010

Around the Annapurna - l'intro


C'est avec un p'tit sentiment de fierté et d'accomplissement que j'écris ces premiers mots. Nous avons réussi ! Nous avons atteint le Camp de Base de l'Annapurna avec toute la famille ! Cette randonnée au coeur de l'Himalaya sera maintenant gravée dans notre mémoire familiale à jamais.

Nous sommes de retour dans la civilisation depuis 4 jours. Ce fut un long périple. Éprouvant et exaltant à souhait, comme on l'espérait. Notre séjour a été de 26 jours, dont 19 à marcher de 4 à 8 heures par jour en moyenne. 

19 jours pour que nos bottes de marche puissent franchir 268 km, monter 8430 m. et descendre 8130 m.

La photo ci-haut indique notre parcours que nous divisons en trois grandes sections: 

1) Le bleu étant la partie II du circuit trek, appelée aussi "Jomsom trek" ou "Kali Gandaki" pour la vallée qui sert de lit à ce tronçon spectaculaire. 

2) Le rouge pour une section que nous n'étions pas supposés faire. Rouge pour incident qui a nécessité un détour en Jeep de toute urgence par l'hopital de Beni  (haha, je vous laisse en suspens) 

3) Le vert étant l'olive sur le sundae. Le sanctuaire de l'Annapurna, aussi appelé l'Annapurna Base Camp (ABC).


Dans le ABC, plusieurs villages arboraient leur propre carte peintes à la main par un artiste népalais. Celle-ci détaille bien les villages du trek ABC.

Les paysages plus grands que nature que nous avons vu au cours de ce périple viendront remplacer les toiles virtuelles que notre imagination avait rangées dans le tiroir "Himalaya" de notre cerveau. Plus de 400 photos et plusieurs vidéos aideront nos petits à s'imaginer dans ces lieux légendaires qu'ils ne se rappelleront que très vaguement.

Évidemment, 400 photos seraient un peu trop pour ce blog mais nous avons quand même décidé d'en étaler une bonne partie. C'est pour cette raison que nous diviserons le récit du trek, accompagné d'images, en 6 billets qui seront publiés au cours des prochaines semaines au gré du temps qu'il nous restera entre deux couches, un repas, des cris et un câlin.

Ces billets seront conçus pour votre bénéfice, cher lecteur, mais aussi comme un journal de bord interactif que nos trois merveilles pourront consulter plus tard. Aussi, on espère que ces billets puissent être utiles pour toute famille qui oserait entreprendre une telle aventure et qui recherche des astuces dans la planif d'un trip éventuel.  À ce propos, qui que vous soyez, n'hésitez pas à nous contacter pour discuter de vos projets. Nous avons cruellement chercher d'autres familles l'ayant fait avant de partir, en vain. 

Le séjour débuta ainsi:

JOUR 1 : Surkhet-Nepalgunj

Nous sommes vendredi, le 24 septembre. Tous nos bagages sont prêts (ou presque). Je suis au boulot. Annik est à la maison en train d'abattre la check-list. Il est 10h. Notre vol de Nepalgunj à Katmandu est prévu pour le lendemain, à 17h30. Le téléphone sonne. C'est notre chauffeur de taxi. Il nous informe que demain sera "BANDHA". 

Ce phénomène social typiquement népalais peu édifiant, à mon avis, met des communautés entières sur pause. Une bandha, c'est une genre de grève décrétée par je-ne-sais-qui pour je-ne-sais-quoi. Durant ces bandha, tout doit être fermé. Commerces, industries, bureaux doivent fermer les volets. Aucun véhicule à part avions, vélos, ambulances et convois diplomatiques ne peuvent prendre la route. Si tu déroges, gare aux roches et aux cocktails molotov. Nous voyons régulièrement des camions ou autos lapidés ou brûlés le long de la route. Ils se sont aventurés durant un jour de bandh, nous dit-on...

Bref, bandah demain signifie donc que nous devons partir immédiatement, aujourd'hui du moins. Ouah !!! il faut se grouiller le péteux. Course folle qui commence. On quitte la maison à 14h15. On revient à la maison après s'être aperçu que nous avons oublié notre bible; notre Guide "Trekking in the Nepal Himlaya" de Lonely Planet. INDISPENSABLE. 2e départ à 15h.

On couchera à Nepalgunj ce soir pour pouvoir se rendre à l'aéroport demain matin. On appelle la compagnie aérienne Yeti Airlines pour leur demander de devancer notre vol de 17h30 à 10h afin de gagner du temps pour faire des commissions de dernières minutes à Katmandou. C'est l'Hotel Siddartha qui nous accueille après 3h30 de route. La piscine est la bienvenue. Les enfants sont heureux. Un bon repas et une bonne nuit.

JOUR 2 Nepalgunj-Katmandou


Les rumeurs de Bandah sont confirmées. Aucun véhicule dans les rues. On se lève et on déjeune. Assez cher cet hotel deluxe, 1 $ la toast pas beurrée ! On réussi à se rendre à l'aéroport en rickshaw, véhicule fort utile aujourd'hui ! 30 minutes. L'avion a une heure de retard. On arrive au passage house du CECI à 13h. On rejoint Anny, notre ami du Québec qui y est arrivé la veille. 

Ensuite, le compte à rebours avant notre prochain vol le lendemain continue. Vaccins réguliers pour Naomi et Théo, Diamox au CIWEC, permis de trekking dans l'Annapurna, manteaux et équipements de la check list. On rejoint un autre ami volontaire du CECI dans Thamel pour reprendre notre souffle entre une bouchée de lasagne, une de céréalac pour Naomi et une de cannonelli à la Dolce Vita.

JOUR 3 - Katmandou-Pokhara

La course folle continue de plus belle. Pas assez de temps pour tout accomplir. On se divise en deux équipes. Objectif: arriver à tout boucler avant 13h35. Notre avion décolle à 14h35. Je pars chercher d'autres permis et Annik et Anny partent avec les enfants finir l'épicerie de biens essentiels du genre bars Mars et Snickers. Beau vol jusqu'à Pokhara. Nous sommes accueillis par Shiva de l'Hotel Nirvana, sur le Lakeside. Un bon gelato sur la terrasse du resto-bar voisin, petite bière et bon sommeil car le lendemain débute à 4h15 AM. 

JOUR 4 - Pokhara-Jomsom




L'épopée himalayienne commence aujourd'hui. Le réveil est raide un peu mais l'excitation est à son comble. Nos premiers pics enneigés nous saluent dans la pénombre. L'aurore nous dévoile une arrière-scène magnifique; notre première destination en altitude. On s'aligne l'aéroport sans tarder.


Vue de l'aréoport. La veille, les nuages nous cachaient ces perles. Ekbadur, un de nos porteurs nous attend aux portes de l'aéroport. Il prend l'avion avec nous (pour seulement 1700 roupies = 24 $). Les deux autres porteurs sont déjà partis pour Jomsom en jeep deux jours auparavant. Même s'ils auraient voulu venir avec nous en avion, c'était "overbooké", parait-il.


On peut aisément qualifier le vol entre Pokhara et Jomsom de hautes voltiges. Wow ! Nous survolons une vallée sinueuse de laquelle nous ne sortirons pratiquement pas. Une gorge qui nous montre ses deux parois de forêts, ses flancs de roc et ses dents blanches des deux côtés de l'appareil. On a presque l'impression qu'on pourrait  toucher ces falaises qui nous accompagnent jusqu'à Jomsom. Le petit appareil de 15 places n'a pas de porte pour accéder à la cabine du pilote. Nous pouvons apercevoir les glaciers par son "windshield"! Les enfants sont au ciel, les parents aussi. C'est le cas de le dire.

Je vous laisse sur cet épisode. Nous débuterons la prochaine avec les sommets aux neiges éternelles qui bordent l'aéroport de Jomsom.

Bonne nuit.