mercredi 14 juillet 2010

La veillée est vieille


Dans la tradition locale, on fête tranquille. Pendre la crémaillère ne veut en aucun temps dire casser la baraque. On célèbre gentiment, gaiement. Le temps de chanter, danser, picoller et rire un peu sans oublier de partir absolument avant que la lune ne s'illumine. Peut-être existe-il un bonhomme 7 heures népalais ou encore des loups-garous ?

L'organisation entourant un petit-party-bien-simple a nos yeux s'est révélée d'une complexité inouie. Qui inviter sans créer d'incidents diplomatiques irréversibles au bureau ? Combien de personnes ? Que manger ? Juste ces trois questions ont mobilisées 6 personnes au bureaux pendant 2-3 heures, avec consultation du conseil d'administration en prime. Disons qu'on leur a donné le feu vert pour effectuer les invitations eux-mêmes. On allait exécuter les décisions émanant des délibérations. Finalement, une vingtaine de personnes se sont pointées, le tout, dans la joie et l'allégresse !



Que manger considérant que nos amis népalais soupent normalement a 19h30, qu'il fait noir précisement a cette heure, que normalement l'électricité nous quitte a cette heure, que nos papilles gustatives apprécient différentes sensations. Verdict: fruits et légumes crus, poulet frit et oeufs à la coque. Beau, bon, pas cher. Beaucoup de jus de mangues, Coca-Cola et de vodka pour arroser le tout. Attention, seulement pour les hommes cette eau-de-vie. On la mix. On la cale. On s'assure qu'elle nous affecte dans tous les sens et on est prêt pour chanter et danser, the nepali way !


Annik avait même fait confectionner une Kurta, costume local traditionnel, pour l'occasion. Emma aussi avait mis sa plus belle robe.


Mes collègues Rudra et Jagat s'en sont donnés a coeur joie. Jagat (a droite) est, parait-il, un chanteur traditionnel qui s'est rendu en final d'un concours national. Vous pouvez apprécier sa voix et sa créativité dans le vidéo plus bas. 


Le concept est le suivant: Un calleur, un peu comme a la québécoise, improvise des paroles du moment sur un air traditionnel. Il fait des rimes et invitent tous les invités, a tour de role, a se lever pour danser. Annik et moi n'avons pu se soustraire, on a passé au "bat" ! Normalement, une femme calleuse répond a l'homme. Pas de set carré par contre. 



Durant chaque happening social, la séparation physique des femmes et des hommes s'impose rapidement comme une norme. Ci-dessus, on voit les femmes qui se sont rangées contre le mur instinctivement dès qu'elles ont mis le pied dans le salon. C'est tout le temps comme ça. Visiblement, l'homme a la chemise blanche et jaune s'était perdu. 

Une autre leçon de la soirée, les hôtes doivent entretenir leurs invités. Ok, ça va de soit vous allez me dire: "Au Québec aussi, c'est ainsi" Mais ici, pas question d'arrêter de les servir. Surtout les hommes. Il n'en reste plus pour l'hôte, too bad... L'important: se dépêcher pour profiter au maximum de la clarté. Mangeons vite, buvons rapidement pour s'assurer d'avoir le temps de chanter avant 19h30.



Vous aurez compris que le nightlife est carrément inexistant a Surkhet. Aucun bar n'a pignon sur rue. Le monde reste a la maison, (je me permets de généraliser) surtout lorsque tu as une famille. Tu restes chez toi. Les femmes, encore plus. La pluie n'aide pas. Par contre, les festivals et autres célébrations (mariage, sacrifice, etc) constituent une bonne raison de sortir. 

Jusqu'a maintenant, on nous a été invités que très rarement. Personne ne parle anglais, ce qui n'aide pas a la cause. Apprendre le népalais est plus difficile que je croyais. J'ai abandonné l'idée d'avoir des discussions qui dépassent les classiques salutations, météo et autres verbillages élémentaires. Au lieu de prendre un petit coup de temps a autres, c'est plutot notre vie social qui en prend un petit a notre santé ces temps-ci. Vous devinerez que les enfants n'y voient aucun problème.

La perception des locaux qu'on fréquente le jour est que nous sommes bien chez nous (c'est effectivement le cas, mais quand même), surtout avec une petite fille de 5 mois. Socialement parlant, c'est plus ou moins accepté que la mère sorte de l'enceinte familial avec un bébé de l'age a Naomi. Alors, je vous laisse imaginer ce qui se passe dans leur tête lorsqu'ils aperçoivent une maman venant du Canada trimballant son bébé d'a peine 5 mois dans un party.

Même quand le party se fait chez soi, les petites heures du matin ne sont et ne seront jamais atteintes. Parmi nos invités, nous avions des jeunes qui aiment boire et festoyer. Notre plus grande surprise: une grande discipline rigide les a forcé vers la porte a 20h00. Ils avaient veillé tard. Trente minutes de plus qu'a l'habitude. Je suis a peine sarcastique. Depuis ce temps, c'est ce que nous constatons. La ville s'éteint, littéralement, a 20h00. La veillée vieilli rapidement.

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