jeudi 12 août 2010

2 ans, déjà mariée. 14 ans, déjà avortée.




Mariage 

Récemment, le journal national Républica relatait une histoire concernant une jeune fille dans l'ouest du Népal qui s'était fait arrangé un mariage à l'age de 2 ans ! Maintenant agée de 4 ans, la jeune fille racontait au journaliste, dans ses propres mots, qu'elle ne se rappelait pas du visage de cet homme qu'elle avait vu seulement une fois lors de la cérémonie officielle. Cet homme devait être agé d'une trentaine d'année à l'époque. Elle avait hâte de le revoir. Lui qui reviendrait seulement lorsque la jeune fille serait en état de travailler ou de s'occuper des tâches domestiques dans la maison. 

Traditions qui datent d'une époque non-résolue, ces pratiques sont malheureusement encore bien présentes dans l'ouest du pays. L'avenir de ces jeunes filles est dès lors hypothéqué. Elles seront destinées aux tâches domestiques, donc aucun besoin d'éducation. L'homme s'occupera des revenus. 

2 ans, c'est tellement jeune. Je n'en revenais tout simplement pas. Le divorce est un sujet très très tabou. En fait, le mot divorce n'existe pas en népalais. On le traduit par célibataire. Les éditoriaux des grands journaux commencent doucement à s'insurger devant ces pratiques de mariages arrangées avec des jeunes fillettes de cette âge. L'opinion publique évolue tranquillement.

Avortement

Il y a deux ans, une jeune fille de 14 ans s'est fait avorté un foetus à la Maternity Hospital and Family Planning Association of Nepal (FPAN). Selon l'organisme, cette fillette avait été séduit par un homme beaucoup plus agé qu'elle. Elle l'appelait son grand frère. Une fois qu'elle est tombé enceinte, l'homme s'est sauvé. Il est disparu. Depuis ce temps, on ne l'a jamais revu dans la communauté.

Les avortements juvéniles (18 ans et -) sont à la hausse cette année dans la vallée de Katmandou, titrait un autre article dans le même journal quelques semaines plus tard. Selon un rapport du  FPAN, 581 jeunes filles se sont fait avortées en 2008. En 2009, le nombre avait presque doublé à 1065. Selon une représentante de cette organisation, plusieurs raisons expliquent cette augmentation accrue.

1) La disponibilité grandissante des services d'avortemements sécuritaires fournis par différentes organisations et cliniques

2) L'insouciance des jeunes filles à prendre des contraceptifs causée par une ignorance pure et simple de l'existence de ceux-ci.

3) Le manque d'éducation sexuelle dans les écoles et dans les collèges lorsque l'enfant y va, bien entendu.

4) La croyance populaire que les techniques préventives de planification familiale peuvent provoquer l'infertilité à long terme.

L'accès aux contraceptifs n'est pas évident non plus. Jamais nous n'avons vu de condoms ou autres moyens clairement visibles et accessibles dans les pharmacies, magasins, etc. Il faut le demander, parait-il. Obstacle majeur dans une petite ville ou tout le monde se connait et jase en masse.

Dans une société ou le sexe est encore très tabou, l'avortement ne fait pas partie de l'imaginaire des jeunes filles. Lorsqu'elles apprennent qu'un tel service existe, elles viennent seules dans la plus grande confidentialité. La famille est exclue le plus possible. L'avortement a été légalisé au Népal en 2002.

La solution: l'éducation

Mon ONG gère conjointement l'école près de mon bureau. Nous avons donc abordé ce sujet avec des collègues. A savoir s'il serait envisageable d'inclure un module d'éducation sexuel dans le cursus régulier. On nous répond que le programme doit suivre les règles gouvernementales à la lettre et que ce dernier ne prévoit rien à ce niveau. 

Notre collègue, comprenant très bien la problématique, nous répond que même si de tels outils pédagogiques étaient mis en place, aucun professeur ne s'avancerait dans de tels enseignements. Ils seraient jugés par les parents qui perceveraient en ces actes de l'encouragement à faire des gestes répréhensibles.

Annik lance donc une piste; pourquoi ne pas faire venir une personne externe de l'école, spécialisé dans ce domaine. Ainsi, les professeurs n'auraient pas à jouer ce rôle qui ébranle moeurs et traditions. Annik avait joué ce role au Québec il y a plusieurs années avec l'organisme communautaire: Collectif pour le Libre Choix. 

Ici, la personne toute indiquée devrait être une infirmière ou une travailleuse sociale népalaise pour qu'elle puisse communiquer tout ce bagage dans la langue maternelle en évitant les pièges culturels dans lesquels un occidental pourrait tomber....


3 commentaires:

  1. Bonjour à vous!
    Me voici emmenée par vos lectures,et admirative de votre démarche.Magnifique énergie...Peut-être aurons nous la chance de vous croiser,nous partons mi septembre à Kathmandu,pour continuer un projet musical avec un artiste népalais,ce serait un plaisir de partager qquchose avec vous...voici une adresse mail si le coeur vous en dit...
    s6tronvert@yahoo.fr
    D'ici là,bien des choses à vous
    Solène

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  2. Bonjour Solène,

    Merci pour ces beaux mots. Oui, ce serait un plaisir de pouvoir discuter de vos projets.

    A+

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  3. ...et discuter des votres...!!Nous souhaitons réellement découvrir dans quelle mesure il est possible de contribuer à des développements indispensables.
    A notre petite échelle,nous le faisons avec la musique car c'est notre bagage,mais si l'avenir nous permet de cumuler différentes activités au Népal,un point de vue comme le votre sera le bienvenu!
    A plus tard...

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