lundi 1 novembre 2010

Around the Annapurna (partie 1/6)

JOUR 4- Pokhara-Jomsom-Marpha (la suite)

On sort de l'avion. La vue est à couper le souffle. On se sent si petits en voyant ces massifs. L'altitude amène avec elle une petite brise frisquounette. 


On entre dans le batiment de l'aéroport pour s'habiller plus chaudement. Nos deux porteurs Gale et KB sont sur place. Les trois sont de l'ethnie Gurung. Étonnant comme ils sont petits. 5 pieds, gros max.


Ils font connaissance avec ce qui deviendra leur fardeau pour les 20 prochains jours. Une cargaison qui va quand même diminuer au fil du voyage. Disons que 200 couches, ce n'est pas si lourd mais ça prend de la place !

L'attitration officielle de chacun des bagages se fera au cours des deux prochains jours après quelques tests et essais. Décision finale: Je transporterai Emma, Ekbadur transportera le Lowe Alpine bleu d'Annik contenant les sleeping bags (plus léger), Gale transportera Théo tout le temps, KB transportera le 105 litres de François (le plus lourd). Bon premier contact.

Anny avait bien géré sa maison portative. Un petit 50 litres seulement.


Pour notre premier jour de randonnée, on décide de descendre à Marpha qui se situe à 2680 m. Petite marche de 2 hrs. 


Ce sont les "prayers wheels" bouddhistes qui nous accueuillent. Ces cylindres sur lesquelles des prières sont en relief. Il s'agit de les tourner pour que les prières soient récitées. Plus efficace que le chapelet et ses 50 je vous salut Marie !

Une première vue du village s'offre à nous. À flanc de montagne, ce village a su préserver toute sa splendeur et son cachet d'époque. La route qui longe maintenant la vallée ne le traverse pas, ça aide.


Le pavillon d'entrée (kanis) qui nous rappelle que nous sommes en territoire bouddhiste. 


Cette vieille madame était bien curieuse de nous voir. Pour plusieurs habitants, nous arrivons tel les premiers oiseaux migrateurs en transit vers une autre destination. En fait, on nous dit que ce sont les Israéliens qui symbolisent la venue de la haute saison. Lorsqu'ils arrivent, celle-ci débute vraiment.


Marpha un village Thakali réputée pour ses pommes, ses abricots et ses liqueurs de fruits. L'ethnie Thakali est bien connue à travers le Népal pour ses aptitudes commerciales en hôtellerie et en cuisine.

Notre premier ciel bleu pétant nous dévoile l'allée principale du village fait de dalle de pierre et murs blanchis traditionnels. On s'arrête au Neeru Guest House. La place est bien, mais l'eau chaude ne sera qu'une douche d'eau froide. Premier défi de taille avec les enfants.


Nous déposons notre stock dans notre chambre une fois passée la belle véranda ensoleillée. On décide d'aller se promener un peu. Marpha est réputée dans tout le pays surtout pour ses pommes. Quel bonheur, nous arrivons en plein dans la saison. Pommes fraiches, apple crumble, cidre et Apple Brandy au menu. Quel délice ! On commande même des Momos aux pommes. Une première.


D'autres prayer wheels et une gigantesque en arrière-scène.


Les enfants sont heureux. Ils le seront moins dans la soirée. Nous ajoutons une règle d'or au périple: les enfants prendront leur douche avant le souper. Ce soir-là, la fatigue aura eu raison de tout le monde.

JOUR 5 Marpha-Kagbeni


Grosse journée devant nous.On passe tout droit. Lever à 6h45. On réussi à partir à 8h20 grâce à Anny. Départ pour Kagbeni.

On revient sur nos pas de la veille et on arrive à Jomsom à 10h15


On a pris soin de demander des sandwichs au fromage pour au Guest house ce matin. Une chance car nos porteurs nous disent qu'on en a seulement pour une autre heure avant le prochain village. On écoute notre instinct et nos estomacs puis un s'arrête pour manger, allaiter Naomi qui nous manifeste qu'elle a faim et pour contempler la vallée qui s'ouvre à nouveau devant nous


Une vallée qui semble avoir hébergé des rivières de glace il y a plusieurs millénaires. Emma s'en allait se laver les mains dans un des derniers petits ruisseaux laissées par le Monsoon aux abords de la rivière.


Nous savons que nous en avons pour quelques heures encore avant même d'apercevoir Kagbeni.


En se retournant pour constater le chemin accompli après quelques heures, on remarque le sommet du Nilgiri (7061) qui  se pointe le bout du nez.


À Eklai Batti, un petit village de quelques habitations, nos porteurs se détendent un peu pendant une pause bien méritée.


Ghale avec Théo


Enfin, nous voyons de la verdure. C'est Kagbenir à l'horizon. On y arrive à 14h50.


À partir de 11h00. Un vent intense commence à nous pousser dans le dos. Un vent qui n'a fait que s'intensifier jusqu'à temps qu'on arrive à Kagbeni pour se réfugier derrière les murs de pierres et les allées étroites d'un village qui nous replonge à l'ère médiéval. Ce vent est quotidien. Il est tellement puissant qu'il soulève des nuages de poussières que l'on peut bien voir sur cette photo. Malgré ces conditions difficiles, plusieurs paysans s'affairent à entretenir leurs parcelles vertes et à faire la récolte saisonnière de céréales. 


Fumée, pèlerins et troupeaux de chèvres de montagne stationnées dans des enclos dispersées à travers le village retiennent notre attention.


Emma les regarde traverser le centre du village, perplexe.


Théo verrait davantage des autos circuler dans ces allées !


Toutes ces chèvres appartiennent au même propriétaire qui les a élevé dans des régions éloignées du Mustang. C'est un véritable périple vers l'abattoir que ces chèvres accomplissent. Dasain est à nos portes. Durant ce grand festival Hindu, la plupart des familles tue leur chèvre. Un rituel qui a nécessité plus de 35 000 chèvres de montagne au bas de l'Annapurna, à Pokhara, cette année. Et il parait que l'offre ne suffisait pas. L'an dernier, c'était 25 000. Le prix était de 6 000 roupies (85 CAD). C'est année, la pénurie a fait monté les prix à 11 000 (157 CAD) C'est beaucoup pour ici. Un signe que l'économie s'améliore ? Peut-être.


Auparavant, ces chevaux auraient transporté des sacs de sel et autres denrées par le traffic trans-himalayen. Désormais, ce sont les touristes qui les occupent.


Une petite fille devant notre hotel. Nous décidons d'y rester. Le Shangri-La nous accueille chaleureusement. Belle place avec une mezzanine et superbe salle à manger qui donne sur la vallée. Grande chambre avec 5 lits ; 100 roupies (1,30 $). Pas de salle de bain mais la dame nous offre la douche d'une autre chambre gratos. Bonus : Vraie eau chaude. Yes sir !

JOUR 6 Kagbeni-Kinghar-Muktinath

On se lève à 6h30 pour faire une petite balade dans Kagbeni (2840 m) avant d'entreprendre une bonne montée jusqu'à Muktinath (3710) dans le même jour. Par contre, on décide de laisser nos bagages à Kinghar (3400 m) sur notre chemin à midi pour continuer jusqu'à Muktinath pour ensuite redescendre dormir à Kinghar. On ne veut pas prendre de chances avec les maux d'altitude. Il n'est pas recommandé de faire plus de 300-500 m d'ascension par jour au-dela de 2500 m.


Aux portes du Mustang, il n'y a pas que des chèvres. Il y a aussi des Yak Donald's et des Seven Eleven !



Un autre monastère bouddhiste.


Après une montée raide à partir de Kagbeni, on arrive sur un magnifique plateau.


Un plateau qui révèle quelques pics enneigés mais surtout un environnement hostile à une végétation qui tente quand même de s'affirmer entre un jet de sable et une bouchée de yak.


Encore une fois, la démesure s'exprime difficilement sur ces photos. Voir la taille du troupeau de chèvre au loin du plateau aide un peu. 


Sur la route vers Kinghar, derrière nous.



Emma était patiente en sortant de notre deuxième hotel Nirvana à Kinghar. On vient d'y manger un Dalh Baath défraichi. C'est fort probablement celui qui déclenche notre première diarrhée du voyage, à moi et Naomi. Elle se manifeste durant la nuit. Le lendemain, la défensive s'organise sans hésitation. L'arme spéciale: Zithromax pour les deux. Situation sous contrôle par la suite  mis à part les premières dents de Naomi qui percent. Fait surprenant, ce sont les deux canines du haut.

C'est notre top 1 dans les pires Guest House que nous avons eu. Planchers en terre battue et toilettes infectes.   


On continue notre route vers Muktinath. Nous surveillons bien les symptomes des petits pour surveiller les maux reliés à l'altitude. C'est papa qui a un petit mal de tête qui commence.



Nous traversons Jarkhot, un autre refuge de moines tibétains.


Nous arrivons à Muktinath à 14h15. Nous avons seulement une heure devant nous car nous voulons redescendre à Kinghar pour 17h00.





L'objectif n'étant pas tant les temples et les "shrines" que les milliers de pèlerins indiens viennent visiter mais plutot notre propre pèlerinage au "Rasta restaurant and Reggae Bar Bob Marley" perché à 3760 m. Nous avions lu que cet endroit était le refuge non pas de moines mais de randonneurs épuisés qui venaient de franchir le Thorong la pass à 5410 m. L'ambiance est vraiment top. J'imagine qu'elle l'est encore plus le soir venu.



Une autre vue de Jarkhot en revenant de Muktinath.



Le ciel bleu ne nous a pas quitté un instant. Cette journée s'est terminée à 17h00. 9h de marche au total. Emma a fait sa part, en moyenne elle a marché 30-40 % du temps. Sa performance allait se répéter pour le reste du périple.

mardi 26 octobre 2010

Around the Annapurna - l'intro


C'est avec un p'tit sentiment de fierté et d'accomplissement que j'écris ces premiers mots. Nous avons réussi ! Nous avons atteint le Camp de Base de l'Annapurna avec toute la famille ! Cette randonnée au coeur de l'Himalaya sera maintenant gravée dans notre mémoire familiale à jamais.

Nous sommes de retour dans la civilisation depuis 4 jours. Ce fut un long périple. Éprouvant et exaltant à souhait, comme on l'espérait. Notre séjour a été de 26 jours, dont 19 à marcher de 4 à 8 heures par jour en moyenne. 

19 jours pour que nos bottes de marche puissent franchir 268 km, monter 8430 m. et descendre 8130 m.

La photo ci-haut indique notre parcours que nous divisons en trois grandes sections: 

1) Le bleu étant la partie II du circuit trek, appelée aussi "Jomsom trek" ou "Kali Gandaki" pour la vallée qui sert de lit à ce tronçon spectaculaire. 

2) Le rouge pour une section que nous n'étions pas supposés faire. Rouge pour incident qui a nécessité un détour en Jeep de toute urgence par l'hopital de Beni  (haha, je vous laisse en suspens) 

3) Le vert étant l'olive sur le sundae. Le sanctuaire de l'Annapurna, aussi appelé l'Annapurna Base Camp (ABC).


Dans le ABC, plusieurs villages arboraient leur propre carte peintes à la main par un artiste népalais. Celle-ci détaille bien les villages du trek ABC.

Les paysages plus grands que nature que nous avons vu au cours de ce périple viendront remplacer les toiles virtuelles que notre imagination avait rangées dans le tiroir "Himalaya" de notre cerveau. Plus de 400 photos et plusieurs vidéos aideront nos petits à s'imaginer dans ces lieux légendaires qu'ils ne se rappelleront que très vaguement.

Évidemment, 400 photos seraient un peu trop pour ce blog mais nous avons quand même décidé d'en étaler une bonne partie. C'est pour cette raison que nous diviserons le récit du trek, accompagné d'images, en 6 billets qui seront publiés au cours des prochaines semaines au gré du temps qu'il nous restera entre deux couches, un repas, des cris et un câlin.

Ces billets seront conçus pour votre bénéfice, cher lecteur, mais aussi comme un journal de bord interactif que nos trois merveilles pourront consulter plus tard. Aussi, on espère que ces billets puissent être utiles pour toute famille qui oserait entreprendre une telle aventure et qui recherche des astuces dans la planif d'un trip éventuel.  À ce propos, qui que vous soyez, n'hésitez pas à nous contacter pour discuter de vos projets. Nous avons cruellement chercher d'autres familles l'ayant fait avant de partir, en vain. 

Le séjour débuta ainsi:

JOUR 1 : Surkhet-Nepalgunj

Nous sommes vendredi, le 24 septembre. Tous nos bagages sont prêts (ou presque). Je suis au boulot. Annik est à la maison en train d'abattre la check-list. Il est 10h. Notre vol de Nepalgunj à Katmandu est prévu pour le lendemain, à 17h30. Le téléphone sonne. C'est notre chauffeur de taxi. Il nous informe que demain sera "BANDHA". 

Ce phénomène social typiquement népalais peu édifiant, à mon avis, met des communautés entières sur pause. Une bandha, c'est une genre de grève décrétée par je-ne-sais-qui pour je-ne-sais-quoi. Durant ces bandha, tout doit être fermé. Commerces, industries, bureaux doivent fermer les volets. Aucun véhicule à part avions, vélos, ambulances et convois diplomatiques ne peuvent prendre la route. Si tu déroges, gare aux roches et aux cocktails molotov. Nous voyons régulièrement des camions ou autos lapidés ou brûlés le long de la route. Ils se sont aventurés durant un jour de bandh, nous dit-on...

Bref, bandah demain signifie donc que nous devons partir immédiatement, aujourd'hui du moins. Ouah !!! il faut se grouiller le péteux. Course folle qui commence. On quitte la maison à 14h15. On revient à la maison après s'être aperçu que nous avons oublié notre bible; notre Guide "Trekking in the Nepal Himlaya" de Lonely Planet. INDISPENSABLE. 2e départ à 15h.

On couchera à Nepalgunj ce soir pour pouvoir se rendre à l'aéroport demain matin. On appelle la compagnie aérienne Yeti Airlines pour leur demander de devancer notre vol de 17h30 à 10h afin de gagner du temps pour faire des commissions de dernières minutes à Katmandou. C'est l'Hotel Siddartha qui nous accueille après 3h30 de route. La piscine est la bienvenue. Les enfants sont heureux. Un bon repas et une bonne nuit.

JOUR 2 Nepalgunj-Katmandou


Les rumeurs de Bandah sont confirmées. Aucun véhicule dans les rues. On se lève et on déjeune. Assez cher cet hotel deluxe, 1 $ la toast pas beurrée ! On réussi à se rendre à l'aéroport en rickshaw, véhicule fort utile aujourd'hui ! 30 minutes. L'avion a une heure de retard. On arrive au passage house du CECI à 13h. On rejoint Anny, notre ami du Québec qui y est arrivé la veille. 

Ensuite, le compte à rebours avant notre prochain vol le lendemain continue. Vaccins réguliers pour Naomi et Théo, Diamox au CIWEC, permis de trekking dans l'Annapurna, manteaux et équipements de la check list. On rejoint un autre ami volontaire du CECI dans Thamel pour reprendre notre souffle entre une bouchée de lasagne, une de céréalac pour Naomi et une de cannonelli à la Dolce Vita.

JOUR 3 - Katmandou-Pokhara

La course folle continue de plus belle. Pas assez de temps pour tout accomplir. On se divise en deux équipes. Objectif: arriver à tout boucler avant 13h35. Notre avion décolle à 14h35. Je pars chercher d'autres permis et Annik et Anny partent avec les enfants finir l'épicerie de biens essentiels du genre bars Mars et Snickers. Beau vol jusqu'à Pokhara. Nous sommes accueillis par Shiva de l'Hotel Nirvana, sur le Lakeside. Un bon gelato sur la terrasse du resto-bar voisin, petite bière et bon sommeil car le lendemain débute à 4h15 AM. 

JOUR 4 - Pokhara-Jomsom




L'épopée himalayienne commence aujourd'hui. Le réveil est raide un peu mais l'excitation est à son comble. Nos premiers pics enneigés nous saluent dans la pénombre. L'aurore nous dévoile une arrière-scène magnifique; notre première destination en altitude. On s'aligne l'aéroport sans tarder.


Vue de l'aréoport. La veille, les nuages nous cachaient ces perles. Ekbadur, un de nos porteurs nous attend aux portes de l'aéroport. Il prend l'avion avec nous (pour seulement 1700 roupies = 24 $). Les deux autres porteurs sont déjà partis pour Jomsom en jeep deux jours auparavant. Même s'ils auraient voulu venir avec nous en avion, c'était "overbooké", parait-il.


On peut aisément qualifier le vol entre Pokhara et Jomsom de hautes voltiges. Wow ! Nous survolons une vallée sinueuse de laquelle nous ne sortirons pratiquement pas. Une gorge qui nous montre ses deux parois de forêts, ses flancs de roc et ses dents blanches des deux côtés de l'appareil. On a presque l'impression qu'on pourrait  toucher ces falaises qui nous accompagnent jusqu'à Jomsom. Le petit appareil de 15 places n'a pas de porte pour accéder à la cabine du pilote. Nous pouvons apercevoir les glaciers par son "windshield"! Les enfants sont au ciel, les parents aussi. C'est le cas de le dire.

Je vous laisse sur cet épisode. Nous débuterons la prochaine avec les sommets aux neiges éternelles qui bordent l'aéroport de Jomsom.

Bonne nuit.

vendredi 24 septembre 2010

Vidéo sur mon mandat de coopérant



À la demande du CECI, voici un petit montage vidéo sur notre vie de coopérant en famille. Pas facile de tourner ça en gérant les enfants en même temps !!!

La vidéo est conçue pour une nouvelle formation sur la coopération internationale du CECI

mardi 21 septembre 2010

Un concours et une front page à Baddichar



Page frontispice du journal local avec Annik et François en vedette dans l'article de gauche. La seule grosse erreur de l'article est la suivante: ils ont dit que nous étions américains!

Bon, une autre histoire loufoque. Il n’y a qu’à moi que ces histoires arrivent. Il y a 2 semaines, nous nous rendions dans un village nommé Baddichar pour célébrer la Teej, le festival des femmes. Le festival en soi dure un mois et certaines activités ont lieu un peu partout au Népal.

À Baddichar, ils ont décidé de faire un concours de chants et de danses pour les femmes. EDS, l’organisme pour lequel François travaille, s'occuperait de l'organisation du concours, de la logistique et de l'animation. L'équipe d'EDS a donc décidé stratégiquement qu’elle profiterait de la journée pour glisser des petites séances subtiles de sensibilisation sur l’hygiène de base comme se laver les mains après certaines activités quotidiennes et sur l'importance de boire une eau filtrée et chlorée. 

La veille, un des collègues de François me disait : « tu va porter ton sari rouge, hein Annik ? ». Je lui avais dit que je l’apporterais. Le lendemain, je décidai de ne pas l’apporter sachant qu’une longue route d’autobus et de chaleur nous attendait. Je ne voulais pas le porter. J’arrive donc pour prendre le bus et il me taquine en me disant : « tu as apporté ton sari Annik? » Je lui réponds : non. Il semblait tout déçu alors je lui ai dit que j’irais le chercher si le bus me déposait chez nous. C’est ce qui s’est passé.

Nous voilà donc partis pour Baddichar, il est 8h30 AM environ. Nous nous arrêtons, prenons le thé et attendons des participants du concours. Ensuite le marché pour ramasser les speakers, les micros, le système de son. Bref, le matos quoi ! Ensuite des arrêts, des arrêts et encore des arrêts. Ça n’en finissait plus. Nous sommes arrivés à destination vers 11h45. Le temps réel est de 1h15 en autobus. Ah, j’oubliais, il y avait eu un glissement de terrain durant la nuit précédente. Nous avons donc marché  un bon bout puisque l’autobus était coincée dans la boue….

Arrivés au village, on mange quoi? Dal Bhatt tarkari, question de faire changement. Là, après le repas, les femmes me disent: "tu vas te changer?" Dans quel piège je me suis prise encore. Je vais donc me changer, me déguiser avec mon sari rouge à l’aide de 4-5 femmes. Un fois habillée, j’allaite, chose très difficile vous devinerez avec le kit de sari.

Une fois accoutrée, on me demande d’aller m’asseoir à l’avant de la scène avec François. Jusque là ça va. Ensuite, Rudra, le collègue à François m’informe spontanément que : JE VAIS OUVRIR LA CÉRÉMONIE EN DANSANT ! QUOI !?%$*&" C’est une blague, je me dis intérieurement, mais non c’est vrai : un VRAI CAUCHEMAR.  Bon, il m’informe que je danserai avec un Monsieur X que je ne connais mais qui aux dires, est important. Cela m’importe peu, je n’ai pas trop la tête à danser devant 400 personnes.


Bon, je descends et je commence à danser. Le monsieur lui, ne semble pas vouloir danser. Je suis contente, je peux me sauver… Pas si vite Annik ! Des femmes veulent aussi danser avec toi. Amusez-vous à regarder la vidéo. J’ai donc eu la chance de danser à maintes reprises lors de la journée. Mes talents de danseuse népalaise se sont améliorés.


À l'intérieur du journal, d'autre photos... Je suis à droite 1ere rangée, dansant avec Jagat, un collègue de François qui animait la journée (celui au microphone en bas et dans la vidéo) Pas besoin de dire que l'équipe d'EDS n'était pas peu fier de ce petit coup médiatique. Il parait que la radio nationale et la télévision régionale y étaient également. Des gens que nous croisions dans la rue dans les jours qui ont suivis nous disaient qu'ils m'avait vu danser à la télé.


Jagat, l'animateur


La foule en délire


Les petits singes-spectateurs dans l'arbre


Le père de Kiran (collègue de François) aka le vieux sage du village et Naomi

Lors du concours, 25 équipes de 5 femmes chacune ont chanté et dansé à tour de role. Entre chaque performance, il y avait une présentation et divers témoignages de gens « importants » de la communauté. Voici quelques équipes de danseuses et chanteuses:








La scène vue de l'arrière


Grand parc dans lequel Théo a pu se défouler toute la journée !


Quelques portraits:


La "coach" de plusieurs équipes, celles vêtues de rouge.



Celle-ci, elle avait de beaux yeux verts, ce qui est rare ici.



François et un drôle de Monsieur

La journée s’est terminé vers 18h30, il était donc temps de rentrer chez soi, mais la soirée était encore JEUNE!

On attend très longtemps dans l’autobus sans trop savoir pourquoi. Le chauffeur a décidé de prendre son repas. Bon, ça va, là on part. Il est environ 19h45. On commence la route et tout à coup on entend un POUF!!!! Immense. Qu’est-ce que c’est : un FLAT!  Première chose que l’on apprend : le chauffeur d’autobus n’a pas de pneu de rechange. Alors on se fait dire que nous repartirons dans une heure. Il commence à pleuvoir. Ce n’est pas grave, les gens veulent s’amuser et danser. C’est reparti, une madale (petit tambour à deux côtés) des chanteurs, des chanteuses et on danse. C’est la fête, on ne ressent pas de frustration, que de la fatigue et de la joie. Curieux me diriez-vous. Au Québec, on aurait crié des bêtises au chauffeur si une telle chose serait arrivée.

Une heure et demi  plus tard, le chauffeur revient avec quoi vous pensez sur sa moto? Non pas une roue de secours mais bien un « jack ». Il n’avait pas de jack! Alors là on se fait dire que le chauffeur prendra la roue arrière pour la mettre en avant et la roue crevée en arrière. Trouvez l’erreur. Finalement, un gentil  conducteur d’un autre autobus TATA passant par là nous donne un autre pneu et nous voilà reparti pour Surkhet. Il était minuit quand nous sommes revenus à la maison alors que nous devions en théorie être revenus pour 19h30. Le temps est élastique. Nous sommes chanceux, Emma  était chez des amis d’école, tranquille. Elle a bien apprécié son temps sans ses parents.  Nous avons tous bien dormi. Théo et Naomi qui nous accompagnaient durant toute cette longue journée, avaient épuisés toutes leurs calories quotidiennes.



Un "Flat" et pourquoi pas continuer la fête.

vendredi 17 septembre 2010

Une 1ere canne à pêche sans le poisson



Plusieurs d'entre vous me posez régulièrement des questions sur mon travail. Normal puisque j'y passe la majorité de mon temps. Tel que je l'ai déjà mentionné, le rythme népalais est plutot lent. J'attendais d'avoir des infos croustillantes à se mettre sous la dent.

Samedi dernier, j'ai donné ma première formation et ça a très bien été, voilà ! Mais tout d'abord, un petit rappel du pourquoi je suis ici:

En tant que marketing advisor, mon mandat est d'accompagner mon organisation dans l'acquisition de connaissances et le développement de compétences dans le domaine du marketing coopératif. EDS aide à son tour plusieurs coopératives de producteurs agricoles dans le district de Surkhet. Je travaille avec deux coopératives ciblées comme pilote dans l'élaboration de deux études de marché dans les secteurs des légumes frais et des semences de légumes. Dans le premier cas, nous nous attardons au marché local et dans le second cas, nous travaillons avec Oxfam-GB pour sonder le marché national.

Concrètement, au cours de mon séjour, j'ai plusieurs résultats à atteindre:

1) Concevoir deux outils marketing, en y intégrant la distinction coopérative. Ces derniers sont maintenant presque finalisés, totalisant une centaine de pages:
  • Un manuel de formation afin de définir et d'expliquer ce qu'est le marketing, en général.
  • Un guide de méthodologie afin de conduire des études de marché.
2) Former les employés-terrain de EDS et membres exécutifs des deux coopératives sur l'utilisation de ces outils

3) Superviser la méthodologie et la collecte de données sur le terrain pour les deux études de marché

4) Rédiger les deux rapports d'études de marché

5) Élaborer une stratégie et un plan de marketing en collaboration avec les partenaires.

En gros, les outils représentent la canne à pêche et les rapports, la stratégie et le plan de marketing le poisson. Ceci étant dit, ce ne sera peut-être pas le poisson qu'ils s'attendent à pêcher même s'ils seront impliqués dans la démarche le plus possible.

Selon la planification pluri-annuelles du CECI-Uniterra avec EDS, d'autres volontaires viendront après moi pour aider à la mise en oeuvre de la stratégie et du plan d'action.

Alors, après plusieurs semaines de travail, de consultation et de rédaction, les premiers résultats tangibles ont été livrés samedi, le 4 septembre 2010.


Une journée complète de formation avec 8 employés de EDS, 3 de EDCOL, 2 coopérants-fermiers-gestionnaires de Kunatari (légumes frais) et 2 coopérants-fermiers-gestionnaires de la coop Pabitra, Mehelkuna (semences de légumes).

Évidemment, j'avais prévu un horaire élastique qui permettait un retard au début (ce qui s'avéra) et plus de temps que pas assez pour chacun des modules.


Ce que j'ai trouvé de particulièrement éprouvant, c'est la traduction simultanée et le fait de ne pas comprendre les échanges qui en découlent. Autre élément difficile à cerner; leur niveau de compétence en la matière. Il faut tenter de ne pas les sous-estimer pour ne pas les prendre pour des nonos. Mais ne pas les surestimer non plus pour passer par-dessus des principes de bases que l'on croit élémentaires.


Les participants ont semblés aimé. Les parties théoriques et la lourdeur de la traduction simultanée ne les a pas endormis. Ce que je craignais le plus.

Les faire participer aux ateliers n'a pas été si difficile non plus malgré leur nature réservée. Plusieurs ont pris la parole pour exprimer leurs opinions et partager leurs expériences.


Le président de la coop Pabitra (semences) était bien attentif. Il a exprimé son point de vue à quelques reprises.




Une des 'social mobilizers' de EDS. J'aime bien le titre qu'ils donnent à ces employés. Leur principale responsabilité: mobiliser la communauté dans laquelle elles sont basés à propos d'enjeux de développement social, économique et sanitaire. Et ce, sur une base soutenue à long terme. Elles joueront un role essentiel dans la collecte de données auprès des producteurs pour l'étude de marché.

Les quatre femmes présentes étaient toutes des social mobilizers. Je crois qu'elles étaient toutes des nouvelles au sein de l'organisation. Il a fallu insister un peu plus pour qu'elles prennent leur place et qu'elles s'expriment.


Prochaines étapes à venir: plusieurs field trips pour supporter et superviser la collecte de donnée sur le terrain.

mercredi 15 septembre 2010

Krishna et sari rouge



Voici la petite histoire du Sari et d'Annik

Le Sari est un long tissu mesurant à peine 4 mètres de long dans lequel les femmes s’enveloppe. Elles portent une demi-blouse ainsi qu’un jupon pour éviter les voyeurs. S’habiller prend une tout autre forme. Les plis dans le sari sont faits sur mesure à chaque fois que le sari est porté. Imaginez le temps que cela prend à faire, un bon 10 minutes.


Le kit complet est porté comme suit : le sari, des boucles d’oreilles, un collier, des bracelets une tresse avec une corde rouge et du rouge à lèvre. L’ensemble est de la même couleur. Dans mon cas, il est rouge. On oublie le rouge à lèvre, ce sera pour une autre fois. Ceux et celles qui me connaissent bien savent très bien que je n'en porte jamais!  Ah aussi un tika, un collant rouge dans le milieu du front ou sinon la poudre rouge au centre avec du riz, des fois. Le tika est un élément très important. Bref un vrai déguisement d'Halloween.


Le sari est porté par plusieurs femmes au quotidien mais les sari rouges sont portés lors de certaines occasions dont la naissance de Krishna, lors des mariages et lors du Teej, le festival des femmes.


J’ai eu mon baptême lors de la fête de Krishna. Je me suis pavané dans les rues et je suis même allée au temple parce que ma didi et d'autres femmes insistaient pour que j’aille voir! Je ne savais pas quelle surprise m'y attendait.


Bon, arrivée au temple, la foule occupait déjà les lieux. Des gens chantaient, des enfants déguisés en Krishna dansaient, des femmes et des hommes placés dans des sections différentes dansaient.



Ma collègue de travail, Tara (celle avec le costume orange), ainsi que ses amies me disent ''vient on va s’assoir à l’intérieur !'' je leur réponds que je n’y vais pas seule. Elles me rassurent et m’indiquent le chemin m’invitant à monter au temple. On s’assoit. Ensuite, ma collègue me dit ''vas-y danse!'' Je lui réponds ''il n’en est pas question, je n’y vais pas.'' Elle se met à dire à ses pairs que je danse bien. Moi, à ce moment précis, je suis gênée.


Elles insistent, elles veulent que je danse. Je leur réponds comme j’aime bien répondre à ceux et celles qui me le demandent, je vais danser si vous dansez. Elles se regardent, se parlent, se persuadent et me disent ''d’accord on y va.'' Zut, je suis pris au piège!


Le tour est joué et me voilà à l’intérieur du temple en train de danser, avec des centaines de pairs de yeux qui me regardent et  un conjoint qui prend un vilain  plaisir à me filmer tout en riant…


Voilà, c’est l’histoire du Sari rouge et de Krishna. Amusez-vous.



Naomi et son tika de riz dans le front.



Théo  qui se tient sur le lieu des offrandes (fruits et fleurs)




Finalement, voici une démonstration de quoi peut avoir l'air des pros en sari rouge bougeant sur des airs du festival de Teej chanté par un band pop de l'heure, ici au Népal.