Au tour de nos petits de voir le monde, de tracer sur la route de la coopération. Pour commencer, pourquoi pas un mandat d'un an avec les parents sur le toit du monde ? Récit d'aventures et d'un engagement familial dans la vie népalaise !
He oui, le Père Noël est passé par le Népal. Avant de claquer la porte, il a réussi à manger la moitié des deux biscuits et boire le verre de lait qu'Emma et Théo lui avaient laissé. Le fait de manquer d'électricité ne nous a pas tourmenté cette fois-ci. Les chandelles amplifiaient la magie. Tant pis pour les petites lumières scintillantes neuves à moitié brûlées achetées à Katmandou il y a deux mois. Voici le déballage des cadeaux en images pour gâter un peu les grand-parents et la famille:
Le Père Noël avait entendu les demandes de Théo et Emma qui avaient ciblé les clichés gars-fille sans influence de papa ou maman.
Cadeau spécial pour Annik. Des lingettes compactées en pastille avec un refill inclus et un t-shirt compressé. Utile en trek direz-vous ? Une seule autre personne aurait pensée à ce gadget : André, le père de François.
Ces temps-ci, l'esprit des fêtes n'arrive pas vraiment à nous rejoindre. La frénésie des centres d'achat, le stress des cadeaux à acheter, les tounes de Noël et la nausée de planification liée au différents partys sont bien loin de nous. Par contre, on ne peut vous cacher que nos parents, nos frères et nos soeurs nous manquent.
Nous avons donc décidé de se gâter un peu avec quelques sorties pendant cette période de festivités afin que notre coeur ne soit pas trop gros. Steven et Caroline nous ont justement quitté il y a quelques jours. Leur simple présence a été pour nous d'un support moral inestimable.
Nous sommes donc allés les rejoindre à Pokhara pour le dernier segment de leur escapade en terre népalaise. Il venait de se taper un trek de trois jours pour accomplir le trajet de Ghandruk, dans l'Annapurna, lorsque nous pensions les rejoindre à l'Hotel Nirvana. Mais non, ils étaient au dessus de nos têtes, dans le ciel de Pokhara, en train de faire du Para-hawking. Un sport qui consiste à se laisser planer en para-pente à la recherche de poches d'air chaud ascendantes à l'aide d'oiseaux de proie domestiqués. Incroyable. Aucun regrets de leur part. C'est le seul site au monde où une telle expérience est possible.
Le lendemain matin, on se dirige vers la rivière Seti pour un petit trip en rafting familial de deux jours.
Théo était tellement excité de partir en bateau pour faire du camping. La grande soeur aussi était aux anges même si elle trouvait son habit un peu trop grand.
Les casques et les équipements de sécurité nous rendaient un peu sceptiques face à l'idée de dévaler une rivière avec Naomi et les enfants malgré les nombreux commentaires de nos contacts nous disant qu'il s'agissait d'une rivière familiale et chaude. Et bien, cela s'avéra tout à fait.
La rivière Seti offre un paysage fabuleux. Elle serpente une vallée sinueuse qui expose la vie quotidienne de ses riverains et une série de flancs montagneux sauvages. Loin des eaux déchaînés des autres rivières népalaises, la Seti comporte quand même quelques rapides excitants. Il y même un classe 4 vers la fin. Nos guides étaient plus que vigilants et prudents avec les enfants. Pour ce CL-4, il nous ont suggéré de trimballer les enfants à pied, sur la rive, pendant que nous faisions aller nos cordes vocales sur un petit rush d'adrénaline.
Purna, notre "chef d'expédition". Naomi avait pleine confiance en lui !!! Il la prenait sur son dos dans le raft plus stable lors des moments un peu plus corsés. Il faut dire qu'il a fait la majorité des rivières Himalayennes. Une agence de guide de rafting canadienne le convoitait. Il pensait à migrer de notre coté de l'océan pour connaitre nos rivières rugissantes éventuellement!
Nous partions donc 2 jours et une nuit. Il s'agissait d'un package tout inclus très abordable à 80 $ pour deux jours de rafting par personne avec repas, transport et matériel inclus (tente, matelas de sol, bécosses !). Première grande surprise; la bouffe. Digne de mention dans une revue gastronomique... du Népal. Les mets frais préparés sur place par les gars ont surpassés la plupart des restaurants népalais testés jusqu'à maintenant.
Pour la nuit, nos guides nous proposent une superbe plage encerclée par des collines sorties d'un conte fantastique.
Le feu de camp rajouta à l'ambiance. Les enfants ont adoré. Emma nous a demandé si nous allions manger "des choses délicieuses grillées sur le feu." Quelques instants plus tard, on réalise qu'elle voulait en fait des guimauves. Mmmh, désolé, pas ici. Mais on a quand même le luxe d'avoir un petit marchand qui vient nous visiter sur le site pour nous proposer de la bière froide et du rhum directement on the beach ! Que demander de plus !
Notre parcours se termine peu longtemps après la rencontre de la Seti avec la Trishuli. À partir de cette confluence, les montagnes s'estompent doucement pour laisser place aux plaines du Terai. Le port de débarquement de l'expédition donne directement sur l'autoroute. Ainsi, nous pourrons prendre un bus local en direction du Parc National de Chitwan pour retourner sur les traces convoitées du rhinocéros à dos d'éléphant...
Alors, on profite de quelques minutes entre deux speech de participants durant l'assemblée générale de EDS, (oui, oui, un samedi matin 25 décembre) pour vous souhaiter de joyeuses fêtes.
C'est vrai que sans neige et sans préparatifs culinaires du temps des fêtes, nous sommes moins dans l'esprit des festivités. Cependant, nous avons préparé de modestes cadeaux pour nos petits, décorer un sapin "tropical", on devrait plutôt dire une plante de Noël avec des boites de "Cornflakes" faute de trouver des vraies décorations. Un Noël différent quoi! Nous aimerions vous souhaiter un Joyeux temps des fêtes dans la gaieté et dans la simplicité.
On vous aime fort et on vous embrasse à distance mais sachez que nous pensons à vous tous et toutes.
et une grosse pensée pour vous en ce temps des fêtes. On vous revient avec nos souhaits "officiels" bientôt ! Merci à notre journal local Les Actualités et à Nathalie Hurdle pour cet article qui permettra à nos concitoyens de la MRC Des Sources d'avoir des petites nouvelles sur l'évolution de notre périple en terre népalaise. Vous pouvez cliquer sur l'image pour le consulter.
Pour les nouveaux lecteurs qui se joignent à nous pour la première fois, on vous dit BIENVENUE !
Voici un petit reportage qui a été fait par des ukrainiens sur nos amis David, Barbara et leur petite fille Brune. Nous avons marché quelques jours avec eux dans l'Annapurna. Brune et Emma sont vite devenues des amies. Les deux ont quatre ans. Brune parlait allemand, anglais et français.
Ils sont maintenant rentrés à la maison après un long et diversifié périple. Des bons vivants transpirant le bonheur !
Clin d'oeil à Barbara et David. Bon retour à la maison ! Bisous xxx
Enfin, nos premiers visiteurs à Surkhet ! Steven et Caroline sont arrivés sains et saufs après quelques dizaines d'heures de voyages entre ciel et terre. Malgré la fatigue et le décalage horaire, ils étaient tout sourire à l'aéroport de Nepalgunj. Il restait tout de même un autre trois heures de route avant d'arriver à la destination finale.
Connaissant Steven, on lui avait préparé un programme à sa hauteur. En fait, ces temps-ci, la ville est en pleine effervescence. Une grosse fête foraine bat son plein. Manèges d'antan et acrobaties insolites à l'horaire.
La grande roue: pas de portière, pas de ceinture, une roue et une génératrice qui tourne à plein régime. Quoi ? Est-ce que c'est sécuritaire ?
Peut-être pas mais c'est le fun en maudit ! Demandez à Steven ou n'importe quel népalais qui pouvait s'offrir un tour pour 50 cents.
Leur court séjour à Surkhet fut bien rempli mais tout de même relax considérant le décalage horaire à rattraper et un potentiel choc culturel à doser. Ni un, ni l'autre arriva. Steven et Caro se sont très bien adaptés à l'endroit dès le lendemain de leur arrivée. Ce soir-là, il y avait une vigie au centre de la rue pour souligner le devoir de mettre fin à la violence faite aux femmes.
Avoir un de mes meilleurs chums avec moi à Surkhet est vraiment réconfortant. Un petit velours. Inutile de dire qu'en plus, "su'l cuir", pour les intimes, n'arrêtent pas avec ses commentaires à se tordre de rire. Il observe et pense à voix haute. Pour ceux qui le connaissent, imaginez comment il se régale de pouvoir gueuler ce qui lui passe par la tête sans avoir à se soucier de la réaction de son interlocuteur. Du vrai Steven authentique comme on l'aime.
Une fois au marché, ils en ont également profité pour magasiner un peu.
Même s'il trouvait les tissus biens beaux, Steven ne cessait de demander conseil à Caroline.
Pauvre lui, il est daltonien !
Naturellement, nous ne pouvions éviter un détour obligatoire chez Tulsi notre Didi, notre grande soeur, notre meilleure amie népalaise. D'une gentillesse à faire tomber les barrières de la langue, la famille de Tulsi leur a ouvert leurs coeurs et leur portes de la maison. Ils ont pu visiter et avoir un aperçu de ce que réserve le système de caste aux discriminés en bas de l'échelle.
En ce moment, j'écris à partir du passage house du CECI à Katmandou. Après deux jours à courir des documents, visiter le marché central de Katmandou "Kalimati" et rencontrer des contacts pour mon mandat, on se permet une longue fin de semaine. On rejoint Steven et Caroline à Pokhara demain pour du rafting et un safari à Chitwan. Ça promet.
Ce matin, on apprenait une bien triste nouvelle; notre ami et collègue Pawan, fraichement arrivé à Surkhet pour la mise en oeuvre d'une nouvelle phase du projet Sahakarya est décédé dans la contrée lointaine de Jumla lors d'un field trip. Ce dernier est mort subitement d'une crise de coeur.
Son séjour à l'hopital rustique de Jumla aura été très bref. Pawan était le directeur régional (ouest du Népal) du CECI-Népal. Il était un gaillard népalais aguerri au monde du développement avec plusieurs années d'expérience derrière lui. D'une gentillesse frappante, il m'avait accueilli autour d'un thé dans son nouveau bureau la semaine dernière, m'invitant à se joindre à eux pour leur nouveau projet en agriculture et marketing. Par ricochet, il me demanda un coup de main pour réviser un travail en anglais rédigé par sa fille qui voulait poursuivre ses études post-secondaires à l'étranger. Je n'aurai pas eu le temps de le faire avant son dernier soupir.
Le CECI perd un grand développeur. Nos pensées sont avec sa famille et ses proches.
Comme je l'ai déjà mentionné, il ne pleut pas des occidentaux à Surkhet. En fait, la majorité des expatriés basés ici y sont pour des motivations intenses. Quand nous en apercevons un, l'excitation nous prend. Il y a quelques semaines, nous avons appris qu'une jeune femme américaine s'était installée aux abords de la ville pour y fonder un orphelinat. C'est notre ami Ludwig qui nous donna le tuyau. Eh bien, il s'avère que cette femme n'a que 23 ans et elle vient tout juste de faire la FRONT PAGE du NEW YORK TIMES MAGAZINE accompagnée d'un article imposant !!!!
Elle s'appelle Maggie Doyne. Elle vient d'une petite ville au New Jersey. Son histoire est incroyable. À 19 ans, elle part en voyage en sac-à-dos solo dans le nord de l'Inde. Elle se retrouve dans un camp de réfugiés où elle rencontre des jeunes filles provenant du Népal, complètement dévasté par la guerre civile faisant rage dans l'ouest du pays à cette époque. Elle décide de suivre une de ces petites orphelines dans son village natal, au pied de l'Himalaya. Elle y découvre une misère qui la secoue. Le choc est si grand qu'elle décide d'appeler ses parents pour leur demander de transférer tous ses avoirs (5000 $ épargnés grâce à ses services de gardienne au secondaire) au Népal. Elle décide de s'acheter un terrain pour y construire son propre orphelinat.
4 ans plus tard, non seulement son orphelinat héberge 35 jeunes mais elle vient d'établir une nouvelle école qui fournit une éducation de base à plus de 230 élèves. Elle a désormais sa propre fondation ; blinknow.org . Il y a deux-trois mois, elle a fait un appel à tous en ligne pour une levée de fonds afin d'acquérir un véhicule pour l'orphelinat. En 5 jours, près de 30 000 $ était amassés. Ses prouesses sont impressionantes. Les réseaux sociaux, elle sait s'en servir !
Si vous avez le temps, ce vidéo dans lequel elle donne une conférence en Europe détaille bien (en anglais) ce qu'elle a accompli. Vous verserez peut-être même une petite larme en bonus:
C'est à son école que nous l'avons rencontré il y a déjà deux semaines. J'avais lu (dévoré) une bonne partie de son blog avant d'aller la rencontrer avec Annik et les enfants. Les classes venaient de se terminer. Elle nous réserva un accueil chaleureux avec un bon thé au lait chaud pendant que Théo et Emma jouaient avec les autres enfants sur l'immense terrain de soccer. J'étais un peu intimidé de la rencontrer. C'est fou de penser qu'elle ne se trouvait qu'à quelques minutes de chez nous depuis tout ce temps.
Elle se trouve définitivement en plein milieu d'un spin médiatique. Il y a quelques mois, elle a remporté le prestigieux grand prix américain de Do Something ; un organisme qui récompense l'engagement des jeunes dans la société. Ce prix de 100 000 $ l'a propulsé dans l'orbite médiatique mondiale. Elle est apparu sur des millions de sacs de chips Doritos. Time et Cosmopolitain y ont également consacré des articles. Une vraie vedette du développement et de l'humanitaire je vous dis.
Comme je le pensais, elle se révéla une personne très dynamique, tenace, souriante et simple. Annik lui a proposé d'aller l'aider quelques fois par semaine, en fonction de ses besoins. Elle était ravie de l'offre.
Maggie parle népalais. Elle s'occupe de ses 35 enfants comme une mère. Je le répète, elle n'a que 23 ans. Nous qui pensions être un peu cinglés de vivre avec nos trois enfants dans les conditions difficiles de Surkhet ... Pour les jeunes parents parmi vous, imaginez, coucher 35 enfants à chaque soir tout en manquant d'eau et d'électricité sur une base quotidienne, ting ting la caboche ! Heureusement, elle a quelques employés qui l'épaulent. Son papa est ici pour quelques semaines également. Plusieurs volontaires se sont relayés pour l'aider dans toutes sortes de tâches (construction, pédagogie, soins médicaux, etc.)
Son site est riche. Il se délecte très bien accompagné d'un café chaud un dimanche matin. J'avoue que c'est elle qui nous a transmis le "virus" du Girl Effect. Son projet incarne à merveille l'application de cette théorie. Je crois qu'elle est toujours à la recherche de donateurs pour supporter les frais d'éducation des filles de son école malgré le torrent de dons provoqué par son spin médiatique, sa vision et ses actions.
Mon coup de coeur de la semaine: The "Girl Effect". Une campagne mondiale qui carbure au Facebook et au Twitter telle une traînée de poudre qui s'aligne des tonneaux d'explosifs.
Le concept est simple: donner la chance à 600 millions de jeunes filles de pays en voie de développement d'accéder à une éducation base avant qu'elle n'atteigne 12 ans; croire que de supporter ces adolescentes puisse donner un coup de barre solide au développement. Libérons-les du cercle vicieux de l'extrême pauvreté et elles s'occuperont du reste.
Seulement une partie du problème ou une solution partielle ? Pensée magique ? Idéalisme ? Ces vidéos très bien conçues nous montrent que c'est plutôt le gros bon sens qui s'impose.
Moi aussi, je suis fâché. Fâché et impuissant devant la situation ici, dans l'Ouest du Népal. Étant sur le terrain où les hélicoptères du Programme Alimentaire Mondiale (PAM) bourdonnent à la longueur de journée, je me suis posé plusieurs questions du genre : les nourrir ou les laisser crever ? C'est cru, n'est-ce pas ? La réalité est qu'ici, dans l'ouest du Népal, 1,6 millions de personnes sont dans une situation d'insécurité alimentaire dans près de 163 districts. Évidemment, nous avons le devoir et l'obligation morale de ne pas les laisser crever. Par contre, la solution pratique à long terme ne passe pas forcément par ce flux de vivre ad vitam éternam.
Le Programme Alimentaire Mondiale (WFP en anglais) est un organisme lié à l'ONU. Le Canada participe au financement du PAM au Népal. Comme je l'ai mentionné dans des billets précédents, ils sont bien implantés à Surkhet. C'est à partir d'ici que des milliers de tonnes de riz s'envolent à chaque matin vers les montagnes isolées au nord du pays. Selon le PAM, 70 % des enfants en bas de 5 ans souffrent de malnutrition dans cette région. Les terres ne sont pas fertiles et fortement en pente. Les superficies cultivables ne sont presque jamais irriguées. Les sécheresses se multiplient et le prix des denrées disponibles localement explose depuis 2007. Il y a un recul marqué de la croissance économique. 46 % des habitants sont sans emplois. Inaccessibles en véhicule par voies terrestres, on peut se poser la question si les communautés de ces régions ne sont pas condamnés à un sort fatal.
La région est en déficit alimentaire depuis 2005. Selon le PAM, 21 M$ additionnels sont nécessaires dès maintenant pour réussir à répondre à la demande seulement pour cette année. Ils devront couper les vivres à 6 districts à la fin novembre. Des milliers de personnes devront passer de deux repas par jour à un seul.
Comment font-ils pour passer à travers ? En retirant leurs enfants de l'école, en les envoyant travailler en Inde. Ça fait une bouche de moins à nourrir. D'où la question que plusieurs se posent :
Pourquoi restent-ils sur ces caps de roc incultes ? Pourquoi ne pas les relocaliser ?
Les avions pilotés par nos amis kiwis et autrichiens, contractés par le PAM . Ici, ils sont à Simikot
Ces gens occupent le territoire du Népal. Ils possèdent des lopins de terre. Ils ont des maisons. S'ils migrent vers le sud, ils perdraient tout leurs actifs actuels acquis au fil des générations. Que feraient-ils à Surkhet, à Katmandou ou en Inde ? Ils se retrouveraient fort probablement dans une situation très précaire, ou bien dans la rue.
Contrairement à plusieurs pays où le PAM intervient, il n'y a plus de guerre civile qui sévit au Népal. Il n'y aucune catastrophe naturelle mis à part les difficultés reliées à la mousson annuelle. La capacité de la région de produire suffisamment de denrées alimentaires est en déclin depuis 2005. Ainsi, le PAM et le Nepal Food Corporation (NFC), l'agence du gouvernement népalais également actif dans la région, se retrouvent dans une situation où ils doivent et devront acheminer des vivres sans connaitre le jour où ils cesseront. Est-ce que cela pourrait produire un phénomène de dépendance des populations locales face à cet aide ?
Une anecdote qui fait peur
Ludwig, le pilote autrichien, à gauche.
L'autre jour, notre ami Ludwig nous a raconté une histoire d'horreur qu'il a vécu. Il y a eu des délais dans l'acheminement des stocks de riz par voie terrestre vers l'aéroport de Surkhet. Le pont aérien de Surkhet vers un des districts en déficit alimentaire majeur n'avait pas eu lieu depuis une semaine. Lorsque Ludwig est atterri sur le tarmac de gravelle, des dizaines de personnes se sont rués sur l'appareil pour s'emparer des sacs de riz avant même que l'avion ne soit immobilisé.
Un policier local est venu voir Ludwig avec un côté de la tête ensanglanté. Terrorisé et désemparé, ce dernier s'était fait mordre et arracher une partie de son oreille par un habitant qui ne voulait pas respecter le règlement disant que personne ne devait aller sur le tarmac avant que l'avion n'atterrisse, question de sécurité. La veille, la communauté avait voté pour la destitution de ce policier et de ses collègues. Les deux ou trois policiers n'avaient plus l'autorité pour faire respecter la loi. Le chaos, quoi.
Ludwig s'est empressé de demander aux policiers de tenter de regrouper et contenir les gens hors de la piste de décollage pour qu'il puisse quitter le plus rapidement possible tandis que la tension montait au sein des citoyens affamés qui se tiraillait pour obtenir leur part. Le policier pensait que c'était la meilleure chose à faire; que l'avion quitte plus sacrant pour que les gens se calment.
James, notre ami kiwi (de la Nouvelle-Zélande). Il est également pilote d'avion. On le voit ici devant un hélico du PAM
La méthode dont cet apport de nourriture est géré au plan local demeure toujours mystérieux pour moi. Le PAM a un programme qui s'appelle le Food/Cash For Assets (FCFA). Ce dernier cible les communautés les plus vulnérables à l'insécurité alimentaire. L'objectif est de rétribuer les bénéficiaires en riz contre un travail accompli par ceux-ci. Les activités plutot manuelles n'exigent aucune qualification particulière. Il s'agit de la construction et réparation de routes, de systèmes d'irrigation, d'étang pour faire de la pisciculture, etc. Ces projets sont conçus pour avoir lieu entre la période de plantation et de récolte du riz, lorsque les réserves de nourriture sont à leur plus bas.
En théorie, c'est bien beau, dans le meilleur des mondes. Mais en pratique, le programme ne peut pas forcément être mis en oeuvre. L'anecdote de Ludwig démontre que les conditions ne sont pas toujours réunies. Sans parler du commerce du riz qui peut exister avec ces dons.
Des locaux qui déchargent les mastodontes du PAM
Il y aussi des impacts négatifs potentiels : distorsion des prix du riz sur le marché local, des fermiers qui délaissent la l'agriculture afin de travailler pour le PAM, les savoirs agricoles qui se perdent.
Le peuple népalais est fier. Reconnaître que des gens souffrent de malnutrition et vivent des situations d'une précarité qui peut laisser place au chaos n'est pas évident. La solution n'est pas manifeste. Les nourrir ou les laisser crever ne doit pas se poser comme dilemme. Pourtant nos gouvernements qui financent le PAM se la posent puisqu'ils sont ceux qui décident du sort de ces population par les sommes qu'ils allouent au programme. Mais quelles sont les autres options ? Je fais un appel à tous !
Est-ce que la relocalisation est une solution valable ? Au Québec, l'expérience de l'Opération Dignité dans le bas du fleuve durant les années 60 nous a démontré que vider une région de son peuple peut également créer d'autre hémorragies.
Revenir sur une agriculture de subsistance adaptée à une terre de caien ? Connecter ces régions par voie terrestre au PC ? Nourrir ou laisser crever ?
Il y a une chose que vous pouvez faire immédiatement, c'est d'aller signer la pétition mondiale pour se révolter contre le fait qu'il y ait 1 000 000 000 de personnes qui souffrent de faim chronique: 1billionhungry.org. Nous sommes déjà plus de 3 millions à l'avoir signé. Le site est très bien fait, il soulève des solutions globales à mes questions.
Le temps des fêtes et Noel s'en vient. Ici pas de sapin, de musique de centre d'achat, pas de radio pour nous casser les oreilles avec les mêmes tounes pendant un mois. Quand même, on essai de se mettre dans l'ambiance, en famille !
Quand nos grand-pères allaient chez le barbier, c'était une expérience sensorielle et sociale. Ils se faisaient prendre en main, littéralement. Un genre de deuxième confessionnal où les péchés allaient se discuter et se faire expier entre hommes à coup de pioche et de ciseau.
Ici, l'expérience est définitivement sensorielle. Comme dans le temps, la crème à barbe appliquée au pinceau, les lames simples (propres et neuves à chaque fois, garantie) et les massages extraordinaires procurent le même bien-être que pouvaient susciter une bonne session de pottinage avec le barbier du village.
Quand je dis massage, je dis massage complet, en haut de la ceinture quand même. Remarquez les sons émis par les doigts du barbier. Ce que vous ne voyez pas, c'est que la prochaine étape consiste à reposer ma tête contre le comptoir, à recevoir des tapes dans le dos et à me craquer chacune des articulations jusqu'au petit doigt. Intense. Désolé, notre carte mémoire était pleine ! Il faut le vivre pour comprendre.
P.S Steven, ne te coupe pas les cheveux avant de venir. Mais, oublie ça; il ne rase pas les "chest".
Il y a déjà 2 semaines, nous sommes allés au parc national de Bardya avec ses 1000 km2. Ce séjour était longuement attendu par les enfants et les parents. L’activité majeure serait une balade à dos d’éléphant à la recherche de M. Tigre et M. Rhinocéros.
Nous partons de Surkhet à 13h45 et nous arrivons à Bardya vers 18h45. Notre chauffeur avait eu un accrochage avant de venir nous chercher, il a donc du payer l’accidenté : un miroir d’auto ! Très sécurisant, avouons qu’il avait l’air très très bizarre. Bon, une fois arrivé sur les lieux, une maison Tharu juste pour nous nous attend au Forest Hideaway Lodge : une chambre avec 4 lits simples et une chambre de bain avec douche chaude, ce que nous n’attendions pas. La maison est en boue à l’extérieure et de l’intérieur en ciment, la boue c’est pour le « look » Tharu, un peuple du Terai, région très chaude.
Le lendemain matin debout à 5h00 (déjà vu) pour déjeuner à 5h45 et être sur notre gros compagnon, M. Éléphant, à 6h30. Grandeur nature, c’est immense. On embarque sur l’éléphant dans le parking! François est avec Théo et Dilip, l’éléphant pour les gars. Il s’appelle Anthony. L’autre bien vous l’aurez deviné, c’est l’éléphante de fille , big mamma. Elle s’appelle Laxmi. Elle a 60 ans. Elle est la plus vieille du parc. Elle porte Emma, Naomi et moi-même.
Nous partons tous très excités. On trouve des termitières, on entend des oiseaux et nous sommes très attentifs aux bruits qui nous entourent. On veut vraiment voir un rhino ou un tigre, mais nous sommes conscients que nos chances sont très faibles. Les premiers animaux à se montrer la bette sont les chevreuils et les singes. Bon, pour nous les chevreuils rien d’étonnant. Dans notre rang 2 à Wotton, on en voit à tous les soirs! Pour les singes, bien ici, c’est très commun. Ceci étant dit, nous sommes sur un éléphant et la chose en soit est excitante.
Une balade dans l’eau avant de passer à la savane. L’éléphant prend une pause pour s’abreuver avec sa trompe. Théo est très impressionné, nous, (les filles) on ne peut pas le voir. On est assis dessus.
Les deux éléphants se séparent et ils partent chacun dans deux directions opposées. En passant, moi je n’ai pas de caméra. Laxmi commence à tourner en rond. Son conducteur lui tape dessus. Laxmi s’en fout, elle tourne en rond, va un peu n’importe où pendant quelques minutes. Intérieurement, je me dis, le gars, il ne conduit pas son éléphante, mais c’est elle qui nous conduit.
Laxmi, les filles et le levée de soleil sur le lit de la rivière asséchée.
Bien croyez le ou non, Laxmi nous amenait vers le rhinocéros, hey oui! Bon, je n’ai pas de photos à l’appui, mais j’ai 3 témoins. Nous l’avons vu pendant 5 longues minutes. Laxmi suivait le rhinocéros et celui-ci se cachait. Mon conducteur tentait d’appeler Anthony pour qu’il vienne voir la bête à une corne. Pas de chance pour François, il n’a qu’aperçu le derrière de la bête. Moi, je peux confirmer que le rhinocéros, semble avoir une carapace à armure comme dans les films fantastiques !
L’autre fait saillant, Emma a donné 10 roupies à Anthony et ce dernier a aspiré l’argent avec sa trompe, pour ensuite la cracher à son maître.
Anthony, l’autre éléphant, finit par arriver mais le rhino se cache. On essai de l’entourer, mais pas de chance il se sauve. La balade se termine peu de temps après.
Anthony et une sangsue qui malgré sa peau épaisse réussie à lui retirer du sang
Un légendaire Land Rover de safari !
Le QG du parc
Par la suite, on revient en jeep et on se dirige à pied dans le parc avec deux guides. Selon nous, ces derniers ne sont pas trop nécessaires, mais ils sont obligatoires.
On marche dans un sentier… On ne voit rien. Non, ce n’est pas vrai, pendant plus de deux heures nous pratiquons l’activité suivante : bird watching. Pour nous, ce n’est pas trop intéressant mais pour Dilip qui nous accompagne, lui, il « trip ». Nous on pense que ce sont juste des oiseaux et pour plusieurs, des moineaux…
On voit de curieux insectes rouges
Théo lui aussi fait du bird watching avec les longues vues … à l’envers.
Naomi est heureuse
Le lendemain matin on part à l’aventure faire du rafting, ou plutôt du boating. En fait, on fait du bateau dans un pneumatique. Ce dernier a été gonflé à la petite pompe pendant une trentaine de minutes. On se laisse alors porter par le peu de courant (en ce moment) sur la rivière Karnali. On espère voir des dauphins de rivières, ce ne fût pas le cas. On a fait encore du bird watching. Cependant, on a vu des traces de tigres.
Notre bateau/radeau
Annik avec son style taliban, il y a un soleil de plomb
François, avec plus de style, porte une couverte de renvoi!
Emma qui aperçoit un tigre et un rhino en même temps grâce à son chauffeur et guide privé.
Belle journée malgré tout. On revient à l’hôtel et on décide que l’on repartira le lendemain pour Surkhet, en autobus, notre première vrai expérience en transport collectif local.
Départ à 8h45 de l’hôtel, avec les touristes qui se dirigeaient sur la Karnali pour faire du rafting. Nous arrivons à 9h45 à Ambassa. Arrêt obligatoire, transfert d’autobus. On prend notre 2e autobus. Le co-pilote nous dit qu’il se rend jusqu'à Surkhet mais nous, on veut des sièges. Il répond: "no problem". Mmmmm.
Le bus est plein à craquer. Des gens sont debout, d'autres assis par terre. Le bus est parfumé de sueur! Les premières minutes sont excitantes. On est entassés comme des sardines. Le bus est équipé d’un lecteur DVD ! Oui, un vrai avec une télé, gros luxe ! On a pu visionner les 4 mêmes clips népalais et indiens pendant notre trajet qui s’est terminé à 15h45. Expérience à refaire? Oui, en autant que des pépins n’arrivent pas en cours de route, mais ça on ne le sait jamais avant de partir...
N'hésitez pas a nous laisser un commentaire. Nous vous répondrons à coup sûr ! C'est notre façon de rester en lien avec vous ! Vos réactions cutanées, vos questions salées, vos blagues sucrées, vos observations spontanées et vos nouvelles nous rafraichissent le toupet.
La Famille
Toute la famille
Qui sommes-nous ?
Petite famille du rang 2, en banlieue de St-Camille, en Estrie. Nos trois petites boules de vie (Emma 4 ans, Théo 2 ans et Naomi 2 mois) nous accompagneront pour la première fois dans cette sortie de l'autre côté de la planète. Après 6 ans de sédentarité dans la maison ancestrale, nous revenons à une de nos premières passion qui a allumé notre couple: l'inconnu. L'objectif: accomplir un mandat de coopération volontaire dans le cadre du programme Uniterra avec le CECI.