mardi 13 avril 2010

Première sortie de famille

L'éveil des sens

Après 24 heures de repos, l'horaire de la semaine d'orientation prévue par le CECI prévoit une première visite guidée de trois principaux sites historiques de Kathmandu: Boudhanath stupa, Pashupati et Patan Durbar Square. Heureusement, Rajandra, un employé du CECI, nous apprend que Nabin, le guide, adoptera un rythme famille. Nabin est un guide à temps plein. Quand il ne guide pas des touristes ou des coopérants en ville, il les emmène en trek, dans l'Himalaya. En quelques minutes seulement, Théo lui donnait des bines sur l'épaule et Emma partait main dans la main avec lui au-devant de ses parents. La connexion s'est faite rapidement. Il parlait anglais.

Kathmandu est une ville dans laquelle il y a beaucoup d'action. Les premiers sens qui sont sollicités lorsque nous montons à bord du Toyota Land Cruiser pour traverser la ville sont l'ouie, la vue et l'odorat. Malheureusement, c'est la pollution qui envahie ces sens en premier. Ça vous prends à la gorge, les yeux veulent pleurer. Un immense voile gris couvre la ville. Une odeur de pneus brulés, d'égout et de poubelles défraichies se côtoient, remplissent nos cavités nasales avant de s'enfoncer de force dans nos poumons. Certains tentent de retarder cette intoxication par le port d'un genre de petit masque de chirurgien. Mais bon.

Sans parler des pannes d'électricité de 11 heures qui surviennent selon un horaire établi par le gouvernement. Chaque quartier a son électricité par bloc d'heures en alternance. Le code de la route: aucun. C'est la loi du premier qui flanche ou qui a le plus klaxon ayant le plus de décibels. Ne pas avoir de klaxon à Kathmandou est plus préoccupant que de manquer d'essence. Malgré ce chaos apparent, tout le monde semble s'y plaire. La rage au volant semble inexistante. Même si la rue a seulement deux voies, ce n'est pas grave, créons-en 5. Des motos, on peut en mettre une couple de large anyway. Comment faire pour faire appliquer ces 2 voies ? mettons des blocs de bétons au centre, c'est plus contraignant qu'une ligne double.


La vue est également stimulée par l'action dans les rues, l'ouïe par ces klaxons incessants et le coeur qui bat à fond en voyant une quasi-collision se produire à chaque minute. Les motos se comptent par milliers. Elles sont majoritaires. Pour un gars qui voulait voir moins de pub, il faudra attendre à notre déménagement en ruralité à Surkhet pour voir disparaitre ces gigantesques panneaux publicitaires. Par contre, ils ont apparemment une seconde utilité. Ils servent de point de repère. Quiconque ne s'aventure seul dans le labyrinthe de Kathmandu en chauffant; le nom des rues est plus difficile à trouver qu'une aiguille dans une botte de foin. Il faut plutôt apprendre où est placé telle ou telle pub... Parole de chauffeur et de guide d'expérience.

Boudhanath Stupa

Nabin dit au chaffeur d'arrêter sur un boulevard. " Go, go, we get off here !" On s'empresse de prendre le sac à dos pour porter Théo et une poussette. On s'infiltre dans une petite ruelle. Des effluves d'encens et de patchouli se rendent jusqu`à nos poils de nez. Une petite allée qui alla nous amener vers un monument pour lequel je n'avais jamais rien vu de semblable. Un lieu de pèlerinage tibétain où des milliers moines et de croyants convergent sur une base quotidienne afin d'y faire des rituels circulaires autour du dome, sous les yeux attentifs de Bouddha qui se trouvent au sommet de la tour. Ils appellent ce genre de monument une "stupa".

Selon le Lonely Planet, " Historically, the stupa was an important staging post on the trade route between Lhasa and Kathmandu, and Tibetan traders wouls pray here for a safe journey before driving their yaks to the high mountains of the Himalaya." Encore aujourd'hui, il parait que les sherpas et les trekkers de l'Everest se rendent à ce lieu avant de partir en expédition pour demander la protection.



Emma et Théo ne se doutaient pas de qu'ils allaient voir.


Les couleurs vivent de ces drapeaux de prières tibétaines sont fabuleuses, même agencées avec cet éléphant qui a captivé Emma.



Une autre vue à partir du 2e étage d'un monastère. Nabin, notre guide, à gauche, explique à Annik la signification de ce lieu sacré.



Vraiment enchanteur comme site. La paix totale. Une énergie particulière s'en dégageait.


Tout autour du stupa, il y a plusieurs monastères. Ce qui était impressionnant de ces monastères c'est que les moines tibétains y étaient présents, assis, à chanter des prières et des hymnes, LIVE. Nous pouvions entrer dans l'allée centrale afin de se rendre jusqu'au Buddha que vous voyez. En chantant, un moine frappe un tambour tandis que les autres se balancent d'un coté à l'autre en chuchotant des prières. Chaque 2-3 minutes, deux moines prennent tout leur souffle pour blaster un bon coup de trompette géante allongée, remplissant ainsi tout l'espace sonore de ce petit monastère. Apparemment, ce gars là n'appréciait pas la toune à sa juste valeur. Emma et Théo étaient figés lorsque ces cuivres débutaient. Nous étions dans l'allée centrale et un des moines afficha un petit sourire moqueur. Il sorti une caméra numérique et pris une photo des deux petits blancs, mi-figue mi-raisin dans cet environnement mystique.


Faire le tour du Stupa à pied prend environ 10-15 minutes. Tout le long du trajet se trouvent des roulettes de prières (sous les rideaux) que les pèlerins tournent manuellement. Nabin nous a expliqué que de tourner ces rouleaux, (je vulgarise et tourne les coins ronds) c'est de réciter l'équivalent de 5 000 fois les prières qui y sont inscrites. On aurait du y penser avant, nous les catholiques, avec nos chapelets. C'est ben plus efficace ainsi...


Il y a des petits rouleaux mais il y en a aussi des massifss. Faut juste pas avoir un lacet de pogné dans roulette avant que la faire tourner. Emma tenait à faire le tour de cet imposant dispositif.


Finalement, la petite poussette de ville n'était pas si appropriée pour le pavé en brique... On voit bien à droite la série de rouleaux de prière dont je parlais plus haut. L'architecture suit vraiment des codes locaux. Aucun bâtiment aux allures modernes ne pourraient être construit ou rénové autour du stupa.





Une petite pause auprès des pigeons. 

Pashupati

Mais où sont les cimetières au Népal ? Pour une ville d'un million et demi de personnes, on pourrait penser qu'ils seraient gigantesque. C'est plutot par la crémation que les népalais se disent un dernier adieu. Situé sur le long de la rivière Bagmati, Pashupati est un haut lieu de culte, également tout près de l'aéroport mais qui existe depuis plusieurs siècles. Il est reconnu comme ayant une signification spirituelle puissante pour les Hindus. 


Quand nous arrivons à l'entrée du site, plusieurs stands nous accueillent avec des objets sculptés, des instruments et des poudres de couleur arc-en-ciel. Emma me dit "Papa, elles sont belles les couleurs !!!". Est-ce que c'est pour faire du bricolage ?". Ouin, comment dire donc. C'est pour se mettre dans la face, entre autre. Ces poudres sont utilisées lors des cérémonies de crémation. Pour ceux qui ont vu le documentaire des Grands Explorateurs, c'est exactement à cette place où l'on voyait d'immenses rassemblement publics afin d'assister à l'incinération de proches.



En arrivant sur le site, nous y voyons un lit de rivière qui est pratiquement à sec mise à part une mince lisière au bord de la berge où l'eau continue de circuler grâce à des poches de sable empilés un sur les autres. Aménagement végétal des berges= 0. C'est sur ces blocs de bétons que les crémations ont lieu. Des buches sont posées (voir à gauche), le tombeau est ensuite installé avec des matières combustibles afin d'enflammer le tombeau rapidement tout en faisant durer la combustion quelques minutes. Les deux gars dans l'eau ramassent les sous et les métaux précieux qui sont lancés dans l'eau par la famille et les proches des personnes décédées. Vous pouvez aussi voir la couleur de la terre. Il s'agit en grande partie de cendres. Une bonne partie de celle-ci est tout de même recueillie. Selon Nabin, elle est utilisée comme addition à une préparation servant à fabriquer le béton ?!%$ L'expression "chut, les murs ont des oreilles" prend tout son sens.



En jetant un coup d'oeil à gauche de ces stands, on voit l'aval de la rivière, si on peut l'appeler ainsi. Elle est vraiment archi-dégueulasse. Très très polluée comme vous pouvez le voir avec les tas de détritus jonchant la berge. Ce que vous ne voyez pas, c'est que juste à droite, une quinzaine de femmes étaient sur le bord, justement, à faire leur lavage. Je vous le jure. Les eaux de cette rivière se retrouvent ultimement dans le fleuve du Gange.


Voici une crémation qui avait lieu en même temps que nous y étions. Ce socle, passé le pont, est réservé pour une caste de népalais plus élevé, pour les gens ayant des moyens financiers plus importants. Des arrangements fleurs de toute sorte et les nuages d'encens y sont omniprésents. À vrai dire, j'imagine qu'il faut qu'il y ait beaucoup d'encens pour masquer les odeurs désagréables pour pourraient s'échapper d'une telle combustion...


Le site peut accueillir des milliers de croyants. À droite, des estrades sont positionnés pour les cérémonies. Au fond, on voit un falaise dans lequel il y a des grottes qui servaient à héberger des pèlerins. 


Le temple en arrière-plan est hautement sacré. 


Non, non ils ne sont pas dangereux. Il s'agit de Sadhus. Des holy-man comme ils disent en anglais. Théo n'est pas tout à fait certain s'il doit sourire cette fois-ci. Annik non plus, on dirait. En fait, ce haut lieu Hindu en est un de rassemblement pour ces hommes dévoués à leur spiritualité. J'en ai vu un avec des dreadlocks les plus longs que j'ai vu de ma vie entière. Il devait avoir 85 ans, le bonhomme. Pour moi, il ne s'est jamais coupé les cheveux, ni lavé, ni peigné. Ce sont les sadus qui fumaient du bon haschich avec les hippies en exil à Kathmandu dans les 70's. 


De ce côté, c'est le seul cimetierre pour enterrer les morts provenant de la religion chrétienne. Il y a en quelques milliers au pays. Situé tout près du temple sacré, ces singes habitent et occupent cet espace. Ils étaient une bonne meute d'une vingtaine lorsque nous y étions. Ils sont venus tout près. Enfin, Emma pouvait voir ces singes dont nous avions tant parlé.

Patan Durbur Square

La magie s'est vraiment opérée lorsque nous sommes arrivés à Patan Durbur Square. On a vraiment l'impression de remonter dans le temps dès que nous foulons cet endroit féérique. Anciens quartiers du roi, cette cité médiévale renferme des secrets encore inconnus car son histoire n'a pas forcément été documenté transmise sur une base littéraire mais plutôt par la tradition orale.




À l'entrée du palais, je constate une guirlande fort intéressante. Il s'agit d'intestins séchés de je ne sais quoi. Pourquoi ce joli ornement ? C'est qu'à l'intérieur, lors de certains festivals, des animaux sont sacrifiés durant des cérémonies. Pour le reste, no clue. Désolé.


Vue du toit d'un resto. Je ne sais pas si vous voyez en arrière-plan mais nous apercevons légèrement la silhouette des montagnes entourant la ville de Kathmandu. En fait, c'était la première fois que je les voyais depuis mon arrivée. Le smog est vraiment intense.


Bon, première visite terminée. On fait le plein de fruits frais. Emma a sa journée dans le corps. Lorsque nous revenons au gite, elle dormira durant trois grosses heures et nous devrons la réveiller avec peine et misère. Annik vous en dira davantage sur les joies du décalage horaire pour les enfants.

C'est ainsi que cette journée se termina. Pour le reste de la semaine, j'ai un horaire assez chargé de prévu avec le staff du CECI: parler de mon mandat, des mesures de sécurité, de la région de Surkhet où nous allons être situés, etc. Ensuite, les trois semaines intensives de Népalais occuperont la majorité de notre temps. Nous tenterons quand même de visiter quelques autres sites mystiques pour le plaisir de nos sens.

Ah oui, j'oubliais le gout. Digne de sa réputation de difficile et bec sucré, Emma n'est pas trop téméraire en terme de nouveautés. Elle s'avère assez conservatrice. Premier resto, nous demandons des momos et des plats peu épicés. Première bouchée,CHOUCHOU !, aaaah, hot hot. J'imagine pas ce qu'un plat épicé aurait été. Faudra s'y faire. En attendant, Emma continu doucement spn  adaptation en mangeant des pâtes blanches, beaucoup d'oeufs et des beans. À suivre.

2 commentaires:

  1. bonjour la famille - c'est super intéressant vos écrits
    Aline xx

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  2. C'est vraiment intéressent de partager votre aventure en vous lisant et les images qui parle beaucoup. Nicole la locataire

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